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L’Allemagne, entre crues et virus

édito Sud-Ouest

 

Angela Merkel ne s’imaginait pas vivre une paisible fin de
mandat à la Chancellerie. Elle est servie, au-delà de ses
intuitions. La championne de longévité des dirigeants
européens rendra les clefs du pouvoir, le 26 septembre prochain.
En attendant, elle reste en première ligne pour gérer
les deux épreuves subies par nos voisins d’outre-Rhin. D’abord,
les terribles inondations qui ont endeuillé et traumatisé
la Rhénanie. Le variant Delta, ensuite, qui, comme en
France ou d’autres pays européens, remet en question une
stratégie sanitaire essentiellement axée sur la vaccination volontaire.

 

Soucieuse de transmettre le flambeau à son dauphin de la
CDU/CSU, Armin Laschet, la chancelière, qu’on a connue plus
frontale à l’égard de l’opinion publique, a assuré qu’il n’était
pas question d’obliger ses compatriotes à se faire vacciner. Sauf
qu’un de ses lieutenants a clairement fait comprendre que, si les
statistiques continuaient de se dégrader, l’Allemagne devrait,
elle aussi, instituer un pass sanitaire.

 

Sentant le feu couver, Laschet  aussitôt fait connaître
son désaccord, préférant « l’incitation à la contrainte », refrain
bien connu dans notre pays, entonné le plus souvent par des
hommes et des femmes qui sont dans l’opposition. La question divise
les conservateurs, elle est moins discutée chez les sociaux démocrates
ou les Verts qui privilégient plutôt la main de fer que le gant de velours.

Quant à l’extrême droite, elle est la même partout en Europe, hostile à
une prétendue dictature sanitaire.

 

Les déclarations des uns et des autres sur les méfaits en
crescendo du variant Delta ne peuvent être dissociées des
crues meurtrières qui ont profondément choqué l’État le plus
prospère de l’Union européenne. Et ont, de façon collatérale,
bouleversé la campagne électorale. Elles ont ainsi remis en
selle les Grünen (Verts), qui, depuis longtemps, sonnent l’alarme
sur les dégradations climatiques mais qui, après avoir
caracolé en tête des sondages, se sont affaissés, leur cheffe de
file, Annalena Baerbock, ayant été accusée de plagiat pour un
livre qu’elle vient de publier. De son côté, Armin Laschet a eu
le mauvais goût de s’esclaffer derrière le président de la République
qui rendait hommage aux victimes des inondations.
Cette hilarité déplacée a fait le tour des réseaux sociaux, malgré
la contrition de l’intéressé.


Les prétendants à la Chancellerie avancent donc en terrain
miné par les mesures qu’il faudra prendre, sans tarder, pour
répondre à une double crise, environnementale et épidémique.
En Allemagne, pays fédéral, on n’aime pas trop les
ordres émis depuis Berlin. Mais, début septembre, peut-être
le virus mettra-t-il tout le monde d’accord.

 

Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



27/07/2021
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