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Point d’étape

Régionales: les quatre vérités des sondages

Prime aux sortants, reflux des écologistes par rapport aux municipales... Les enquêtes qui fleurissent livrent des données intéressantes

Laurent Wauquiez (LR, Auvergne Rhône Alpes), Julien Bayou (EELV, Ile-de-France) et Geneviève Darrieussecq (majorité, Nouvelle-Aquitaine).

Laurent Wauquiez (LR, Auvergne Rhône Alpes), Julien Bayou (EELV, Ile-de-France) et Geneviève Darrieussecq (majorité, Nouvelle-Aquitaine).

© Sipa Press
 

Selon une enquête Ifop réalisée pour Lyon Capitale et Sud radio, Laurent Wauquiez est crédité de 31% en Auvergne-Rhône-Alpes contre 20% pour la liste RN et 12% pour la liste EELV, ainsi que pour celle du PS, conduite par Najat Vallaud-Belkacem.

 

Depuis la rentrée, les sondages sur les prochaines élections régionales tombent comme à Gravelotte. Certains ont été commandés par des médias et rendus publics. D’autres ont été réalisés à la demande de partis afin de tester un candidat ou à celle de présidents de région sortants pour arrêter une stratégie, et ont pu rester plus ou moins confidentiels. En Nouvelle-Aquitaine, par exemple, trois enquêtes différentes ont été faites pour le compte de La République en marche, du PS et d’Europe-Ecologie-Les Verts...

Chaque état-major attend beaucoup de ce scrutin. Les régionales 2021 seront les dernières élections du quinquennat Macron. Initialement, elles devaient avoir lieu en mars. Mais la deuxième vague automnale de coronavirus est venue bousculer ce calendrier : le vote devrait être désormais programmé en juin.

 

D’ici là, de l’eau va couler sous les ponts : les campagnes feront ou non naître des dynamiques, la popularité ou l’impopularité de l’exécutif peut jouer, un évènement soudain peut modifier tout un climat... Alors que les Français sont loin d’avoir en tête cette élection, le niveau de participation peut aussi avoir un lourd impact sur les résultats. Il n’empêche : ces nombreux sondages automnaux révèlent quelques données qui, même si elles peuvent être bouleversées par les urnes, sont en l’état à noter.

 

Le premier enseignement est la prime aux sortants qui semble jouer fortement. « Ce qui frappe, c’est la municipalisation des scrutins régionaux. La règle des municipales – je vote pour un bilan, un projet, une incarnation – s’applique », note Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut Ifop. « Un effet “grande région” a joué. La notoriété des présidents des 13 nouvelles régions est sans commune mesure avec celle des présidents des 22 régions qui existaient avant 2015 », confirme Frédéric Micheau. Le directeur du département opinion d’Opinionway relève que Jean Rottner, président LR de Grand Est, a vu sa notoriété boostée par sa gestion de la crise du Covid. « Hervé Morin a capitalisé sur la réunification normande », ajoute Frédéric Dabi, comme autre exemple.

 

« Distinguo.»

«Il faut néanmoins opérer un distinguo entre les présidents qui ont une assise nationale et ceux qui n’en ont pas, spécifie Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d’Harris interactive.  La stratégie de certaines personnalités nationales de ne regarder que la région et d’en faire un espace de parole et d’action a fonctionné. Ils ont gagné leur pari.» C’est pourquoi, si Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, Valérie Pécresse en Ile-de-France et Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes sont largement favoris selon les différentes enquêtes réalisées, les présidents moins connus semblent plus en difficulté.

 

C’est le cas de François Bonneau en Centre-Val de Loire ou Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, tous deux socialistes. Globalement, le scrutin s’annonce mieux pour la droite, qui avait déjà montré lors des municipales que son ancrage local demeurait.

 

La deuxième donnée frappe les esprits : il s’agit du reflux d’EELV. Les écologistes avaient été les grands gagnants des municipales, enlevant plusieurs métropoles. Or « leur dynamique semble enrayée, explique Frédéric Dabi. La crise économique et sanitaire fait que l’on parle moins d’environnement. Les prises de position d’élus écolos sur le sapin de Noël ou le Tour de France ont eu un effet négatif. La motivation du vote EELV est un vote d’étiquette. Cela fonctionne aux européennes. Cela pourrait être moins simple aux régionales. »

Pour ce scrutin, les écologistes ont fait un choix stratégique tranché : dans la plupart des régions, ils iront en solo. Pour l’instant, la plupart des enquêtes réalisées montrent qu’ils ne prennent pas le leadership à gauche. Selon un sondage Ifop-Lyon Capitale-Sud radio, publié jeudi, portant sur Auvergne-Rhône-Alpes, où EELV a emporté en juin Lyon, sa métropole et Annecy, et conservé Grenoble, sa liste conduite par Fabienne Grébert ferait jeu égal avec une liste PS-PC menée par Najat Vallaud-Belkacem (12%).

 

En Ile-de-France, selon une enquête commandée à la mi-octobre par le Parti socialiste, sa liste dirigée par Audrey Pulvar serait à 17% et celle de Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, à 11%. Un autre sondage réalisé à la même époque par Ipsos pour Libres!, le mouvement de Valérie Pécresse, accordait à la première 12% et au second 11%. « A l’occasion des européennes et des municipales où Les Verts avaient réussi à passer une étape, une partie de la société civile s’était mise en branle pour eux à travers, par exemple, la marche pour le climat, rappelle Jean-Daniel Lévy. Aujourd’hui, les préoccupations environnementales ne sont pas en baisse, mais les écolos n’arrivent pas à marquer l’opinion.»

 

« Décalage.»

La troisième donnée est la grande incertitude concernant le poids du RN. « Cela reste un vrai point d’interrogation, indique Jean-Daniel Lévy. La surface de ses candidats n’est plus la même que lors des régionales de 2015 où, dans les Hauts-de-France, Marine Le Pen concourrait, et en PACA, Marion Maréchal était en lice. Cette fois, la présence de candidats moins connus peut créer une dynamique moins importante. Mais la crise économique sera plus marquée dans six mois et cela peut l’aider. » « Aujourd’hui, ce n’est pas la dynamique de 2014-2015, où le FN avait été le premier parti de France », analyse Frédéric Dabi.

 

Le dernier point concerne la dichotomie entre le vote en faveur de l’étiquette LREM et le niveau d’intention de vote pour Emmanuel Macron. Un énorme contraste avait été constaté lors des municipales, où le camp présidentiel avait obtenu des résultats calamiteux. « Il reste un vrai décalage. Pour un jeune parti, un score autour de plus ou moins 15% selon les régions n’est pas si mauvais, mais cela n’a rien à voir avec la popularité du Président », avance Frédéric Micheau.

 

« Cela se présente mieux que les municipales. Les macronistes peuvent compter sur des candidats un peu plus connus. Ils se présenteront sous l’étiquette de majorité présidentielle, davantage porteuse que ne l’était celle de LREM. Mais il n’y a pas une région où la liste macroniste fait le score du chef de l’Etat au premier tour de 2017 », ajoute Frédéric Dabi. « Même si des électeurs de droite ont un avis favorable sur Emmanuel Macron, cela ne suffit pas à déboulonner le président de région de droite en place », complète Jean-David Lévy.

 

Résultat, au sein du camp présidentiel qui ne détient aucune région, la mieux placée est Geneviève Darrieussecq en Nouvelle-Aquitaine. Un Harris interactive réalisé pour EELV accorde à la ministre déléguée en charge des Anciens combattants au premier tour 22%.



26/11/2020
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