1869- Laïcité et liberté (GA64) 14 posts

Laïcité et liberté

 

 

 

  • Laïcité : caractère laïque
  • Laïque : qui n’est ni ecclésiastique, ni religieux (Littré, Dictionnaire de la langue française) : « Ainsi, ce qu’on gagna dans la réforme, en rejetant le pape ecclésiastique successeur de Saint Pierre, fut de se donner un pape laïque, et de mettre entre les mains des magistrats l’autorité des apôtres » (Bossuet)

 

  • Proposition de circonscrire exactement le débat en s’en tenant aux trois religions monothéistes, dites du Livre, très largement majoritaires en France et dans les pays occidentaux (Etats et sociétés)

 

 

  • De tout temps, des querelles théologiques de toute nature touchant, par exemple, à la vraie nature de Dieu, ou encore aux relations entre la religion et la conduite de l’homme, ont agité et opposé, parfois violement, au sein d’une même religion, des groupes défendant des convictions doctrinales divergentes.

 

  • Au mieux, ces conflits internes étaient résolus par la convocation d’un concile : Nicée, Constantinople, Ephèse, Latran….pour le christianisme ;

      Au pire, en cas d’échec, on aboutissait à un schisme et à la constatation d’une

      hérésie. (Grand schisme d’Occident, LUTHER et la Réforme…).

      L’histoire de la chrétienté ne compte pas moins d’une cinquantaine de conciles et

      de schismes

 

  • Chacun des protagonistes n’avait de cesse d’imposer à l’ensemble de la communauté des croyants de son Eglise ce qu’il considérait comme la Vérité et la vraie foi.

 

  • Pour ce faire, tous les moyens de coercition pouvaient être utilisés, même les plus barbares : L’Inquisition (qui ne fut abolie en Espagne qu’en 1834) ; Massacre de la Saint Barthélémy puis Dragonnades en France (dirigées contre les communautés protestantes pour obtenir leur conversion à la foi catholique)…

 

  • Tout au long de l’histoire de l’Humanité, l’Eglise a ainsi affiché et mis en œuvre une volonté de puissance oppressive et liberticide jamais démentie, imposant  la reconnaissance publique et officielle de son Dieu (le seul vrai), la soumission à sa foi (la seule vraie) et recourant, aussi souvent que possible, pour y parvenir, au bras armé des autorités.

 

  • Il s’agit bel et bien d’une vision totalitaire du monde que l’Eglise n’hésite pas, à l’occasion,  à étendre à des domaines manifestement hors de ses compétences et de son magistère : la condamnation de Galilée obligé d’abjurer sa théorie de l’héliocentrisme et de jurer, publiquement, de tenir « pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Eglise catholique et apostolique affirme, présente et enseigne » en est un exemple fameux.

 

  •  l’Eglise romaine n’a pas renoncé à s’affirmer comme la seule Eglise à détenir l’intégrale vérité du christianisme. De nombreuses textes ou déclarations contemporains témoignent de la vivacité de cette ambition et d’une réelle continuité doctrinale:

 

-        « Lumen Gentium » (21 novembre 1964 / Concile Vatican II) ;

-        « Dominus Jésus » (septembre 2000 / Cardinal Joseph Ratzinger) ;

-        Déclaration du Cardinal William Levada, préfet de la Congrégation de la foi (10 juillet 2007)

 

  • Les autres religions monothéistes ne sont pas en reste. Exemple de l’islam :

-        Cette religion a connu les mêmes querelles théologiques intestines.

-        Elle aussi est habitée par une ambition messianique.

 

  • Il apparait donc que ces diverses  religions monothéistes sont des religions à caractère universel qui se disputent la vérité divine et qui n’auront de cesse de l’avoir imposée à l’ensemble de l’humanité : « Il n’y a de Dieu qu’Allah » / « Tu n’auras pas d’autres Dieux que moi…car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux »  (Décalogue)

 

  • Or,  à l’évidence, « l’idée d’un Dieu unique à vocation universelle appelle à la conception d’une société unique ayant la même pratique de la norme sociale ». (Lire, de Georges CORN : « La question religieuse au XXI -ème siècle »).

 

  • Dès lors, une telle cléricalisation de la société et des affaires publiques : 

 

-         ôte aux citoyens toute possibilité de choix ;

-        s’oppose au débat d’idées et à la possibilité de  faire évoluer celles-ci  dans la recherche d’un monde meilleur et plus éclairé,

-        et  prive ces mêmes citoyens des principales libertés fondamentales énumérées dans la Déclaration Universelle des droits de l’homme.

 

  • Aux religions, négatrices de l’altérité et liberticide, la laïcité, elle, « guidée par le désir d’unité du peuple…articule volonté de protéger la liberté de conscience, désir de s’émanciper et passion pour l’égalité » (Caroline Fourest / « Génie de la laïcité »). Elle rend aux citoyens leur liberté et, partant, leur dignité.

 

  • Le premier pilier de la laïcité, c’est donc la liberté : liberté de ne pas croire, de croire,  de croire ce que l’on veut, de changer de religion, de cesser de croire, tout cela sans être inquiété de quelque façon que ce soit, sans être excommunié,  traité de mécréant, d’hérétique, d’apostat…, battu, spolié, emprisonné, chassé, tué.

 

  • L’autre pilier de la laïcité, tout aussi fondamental, c’est l’égalité.

Or, si on prend l’exemple de la femme et de sa condition, elle n’a jamais été l’égale de l’homme dans aucune de nos trois religions monothéistes. Y compris, encore, à notre époque. Depuis la Genèse, l’image de la femme reste imprégnée de l’idée de péché.

 

  • Voltaire, déjà, au XVIIIème siècle - qui n’a pas été désigné pour rien le siècle des Lumières – préconisait  la séparation de la loi civile et de la loi religieuse, la substitution de la notion de faute à celle de péché, du code pénal au droit canon

 

  • Toutes ces religions représentent donc, notamment pour la liberté, une menace potentielle permanente qui interdit de leur confier « les clés de la maison et du camion ».

Seule une autorité indépendante, dégagée de toute idéologie, quelle qu’en soit la nature, est à même d’organiser notre espace de vie en commun pour permettre à nos différences de cohabiter et de s’exprimer sereinement. 

 

  • La laïcité, c’est l’affirmation et la défense de la primauté de la loi civile sur toute autre loi, notamment d’inspiration religieuse.

 

  • C’est en ce sens que l’article 1er de notre Constitution définit la France comme »une République…laïque… ». Le strict respect de ses lois doit s’imposer à tous, quelles que soient ses convictions personnelles

 

  • En définitive, « l’esprit républicain est le mieux à même d’insuffler le civisme, la citoyenneté comme condition de la liberté, par le dépassement des communautarismes, fanatismes et exclusivismes religieux ». (Georges Corn, déjà cité).

 

 

 

(GA64 qui publie cet article sur ce blog est un de mes amis. Marco)



27/10/2020
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