1831- Aurélien Pradié le gamin, la mobylette et l'instituteur 18 posts

Le jour où j’ai « pris mon risque »

                   

Aurélien Pradié: le gamin, la mobylette et l’instituteur

         

                     

              Episode 7. « Prendre son risque ». C’est une des expressions préférées d’Emmanuel Macron. Et vous, quand avez-vous pris votre risque ? Cet été, pour l’Opinion, trente personnalités se dévoilent.           

         
         

           
Aurélien Pradié
Aurélien Pradié
© Sipa Press
        
                        
           
                                                                       
                 

4 novembre 2007, 8 heures. Cette journée, je ne l’ai pas oubliée. J’ai 21 ans, je suis encore un gamin. Je suis attendu au Mas del Roy, un hameau de la commune de Labastide-Murat, au cœur du Lot, pour un rendez-vous dont je sais déjà qu’il sera important. Je m’y rends en mobylette puisque je n’ai pas mon permis. M’y attendent Lucien, Roger et Arthur. Moyenne d’âge : 71 ans. J’ai 50 ans de moins. Une paille…

Ils sont d’anciens militants RPR du canton, je suis encarté UMP depuis mes 18 ans. Dans le Lot, historiquement de gauche, un jeune homme qui tracte de bon cœur sur les marchés communistes ou radicaux socialistes, ne passe pas inaperçu. Dans ma famille, personne n’est adhérent politique. Chirac est une figure aimée, pas plus. Ma famille traverse de lourds bouleversements et je cherche une voie pour m’échapper de la fatalité. Je veux prendre l’air. Renverser le sort. L’engagement politique me semble capable d’apporter cette revanche sur la vie. Pourquoi la Politique ? C’est un intime mystère.

« Alors mon petit, il paraît que tu as besoin de nos conseils ?» Me voilà lancé : « Je vais être candidat aux élections cantonales en mars prochain, sur notre canton, où j’ai grandi. J’ai besoin de votre aide. »

Sur le papier la mission est folle : candidat dans un canton détenu par un socialiste, un homme respecté qui a été mon instituteur, m’a appris à lire et à écrire… Bref, il faut être sérieusement culotté ou inconscient pour espérer le déboulonner.

Cartes IGN colorées. Cette équipe de la première heure va pourtant m’apporter le soutien que je suis venu chercher. Pourquoi ? Encore aujourd’hui, je n’en sais rien. Ils avaient toutes les raisons de me prendre pour un jeune fou, mais ils m’ont fait confiance. Quelques mois plus tard, après avoir visité chacune des maisons et des fermes du territoire, entassé les cartes IGN colorées selon la qualité de l’accueil, je deviens conseiller général du canton de Labastide-Murat. J’ai tout juste 21 ans. Je l’emporte au premier tour, face à mon instituteur. Ce soir-là, la Préfète qui m’accueille, s’exclame : « Vous avez mis une tache bleue sur cette carte ! Bonne chance, vous êtes le seul survivant ! » Ce soir-là, une aventure débute, intimement liée à cette terre lotoise, qui, ancrée à gauche, n’aurait jamais dû, quelques années plus tard, faire de moi son député.

Treize années se sont écoulées depuis ce matin de novembre 2008. Treize années de batailles ingagnables, de si belles aventures humaines, de joies immenses et de quelques peines. Ces risques, je les souhaite à tous les gamins de 20 ans de notre beau pays. Quand le risque est récompensé, la République devient une réalité pour un gamin du Lot.

Aurélien Pradié est secrétaire général des Républicains et député du Lot.

               


16/08/2020
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