1822- Gauche-écologistes: fusions locales, union bancale (L'Opinion) 10 posts

Gauche-écologistes: fusions locales, union bancale

         

                     

              Les alliances entre le PS, EELV ou LFI sont aux portes de plusieurs mairies à la veille du second tour des municipales. Mais à moins de deux ans de la présidentielle, la méthode semble encore difficilement transposable au niveau national           

         
         

           
Gauche-écologistes: fusions locales, union bancale
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  Les Faits                                                         

Reporté pendant plus de trois mois en raison de l’épidémie de coronavirus, le second tour des élections municipales aura lieu le dimanche 28 juin. Les listes des sortants socialistes, alliés à Europe Ecologie-Les Verts (EELV), sont arrivées en tête au premier tour et sont données favorites à Paris, Nantes, Rennes et Clermont-Ferrand. Si les deux partis sont opposés à Lille et Strasbourg, ils visent la victoire ensemble à Besançon, Tours et Montpellier. Dans cette dernière ville comme à Marseille et Toulouse, écologistes et socialistes partagent aussi leur liste avec des candidats issus ou soutenus par La France insoumise et menacent les maires de droite sortants.

                                             
                 

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu de telles photos de famille. Des socialistes, des communistes, des insoumis et des écologistes bras dessus, bras dessous, encadrant des candidats aux municipales ravis de voir défiler les responsables nationaux. Face aux objectifs, les sourires n’étaient pas forcés. Car au terme d’une campagne inédite, les listes d’alliance entre la gauche et les écologistes sont, à la veille du scrutin, aux portes des mairies de plusieurs grandes villes. Ces symboles d’une vigueur électorale retrouvée cachent toutefois de nombreuses incertitudes sur la séquence politique qui s’ouvrira dès dimanche soir. Moins de deux ans avant la prochaine élection présidentielle…

 

Sur le papier, les perspectives de victoire sont nombreuses. A Clermont-Ferrand, Paris, Nantes et Rennes, les maires PS sortants ont fusionné avec les listes d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et abordent sereinement l’épreuve du second tour. A Lyon, dans le berceau de la Macronie, la vague verte a été particulièrement forte et le candidat d’EELV Grégory Doucet n’a eu aucun mal à s’allier avec la liste du PS comme avec celle soutenue par La France insoumise (LFI). Jamais l’horizon d’une défaite du camp de Gérard Collomb n’a semblé aussi proche, malgré l’alliance surprise du maire sortant avec la droite lyonnaise.

 

A Marseille, le rassemblement hétéroclite des gauches phocéennes au sein de la liste du Printemps marseillais a reçu le renfort d’EELV dans l’entre-deux-tours. Sa candidate Michèle Rubirola menace désormais sérieusement la succession de Jean-Claude Gaudin en faveur de la candidate des Républicains Martine Vassal après vingt-cinq ans de règne. A Toulouse, la liste de l’Archipel citoyen emmenée par l’écologiste Antoine Maurice a elle aussi fait le plein de soutiens à gauche face au maire LR sortant Jean-Luc Moudenc, allié dès le premier tour avec La République en marche (LREM). Même espérance à Tours, Bordeaux, Besançon ou encore Montpellier.

 

Pôle du renouveau. « Le 28 au soir, nous aurons collectivement une énorme responsabilité. Quand le bloc social et écologiste se bouge, il est en capacité de gagner. C’est la principale leçon de ce scrutin », s’enthousiasme le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Le député de Seine-et-Marne savoure d’autant plus le moment que son parti a résisté à cette nouvelle épreuve électorale. Mieux, il revendique désormais un rôle à part entière dans la construction de ce bloc dans les mois à venir, en mettant en garde les écologistes contre toute tentation hégémonique. « La gauche émiettée n’intéresse personne ! Ce bloc représente une espérance forte, mais ça peut être la première marche comme la dernière », poursuit Olivier Faure.

 

Une fois l’euphorie passée si les victoires se concrétisent dans les urnes, tous les regards se tourneront en effet vers EELV dont sont issues de nombreuses têtes de liste. « Les bastions socialistes qui tiennent ont fait campagne sur l’écologie et c’est très bien ! Mais quand il y a conquête ou alternance, c’est nous qui la portons », affirme ainsi le député européen Yannick Jadot. La principale figure des écologistes fixe la route à suivre : la constitution d’un « pôle du renouveau autour de l’écologie » résolument opposé à Emmanuel Macron et aux Républicains dépeints en adversaires de la lutte contre le dérèglement climatique.

« La nouvelle réalité, c’est que la droite a absorbé la Macronie qui est l’UDF d’aujourd’hui. Elle a toujours considéré qu’elle s’était fait voler l’élection de 2017 », déroule Yannick Jadot. Plus que jamais, le député européen entend « participer activement » à la construction d’une alternance qui incarne « le progrès, l’écologie et le combat contre les inégalités ». La profession de foi a pourtant du mal à convaincre les partenaires potentiels. En particulier à LFI où, malgré des alliances locales comme à Toulouse, la méfiance reste de mise. L’expérience des municipales doit-elle découler sur un nouveau rapprochement à l’occasion des élections régionales et, surtout, de la présidentielle de 2022 ?

 

Mélenchon candidat. « Je suis beaucoup plus dubitatif. En tout cas, il n’y aura aucune automaticité », recadre le député européen Manuel Bompard. A l’image des autres responsables du mouvement, l’ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017 a « du mal à s’y retrouver » parmi toutes les initiatives unitaires. « S’agit-il de créer un courant politique ou un agglomérat de personnalités ? », s’interroge-t-il. Certes, LFI se dit disponible pour échanger et mener des combats communs avec les autres formations de gauche. Mais pas à n’importe quel prix. « Notre programme est sur la table, il a recueilli sept millions de voix à la dernière présidentielle. Partons des acquis de la période précédente au lieu de donner l’impression qu’il faudrait tout recommencer de zéro », précise Manuel Bompard.

 

En privé, socialistes et insoumis disent surtout attendre de voir comment EELV va trancher en interne la question stratégique. L’odeur de la victoire a en tout cas réveillé les appétits dans le parti qui vise ouvertement à porter l’écologie jusqu’à l’Elysée. Si Yannick Jadot est parvenu par deux fois à conduire les listes vertes malgré l’opposition d’une partie de la direction, Eric Piolle est lui aussi dans les starting-blocks. Elu en 2014 à la faveur d’une alliance avec le Parti de gauche alors dirigé par Jean-Luc Mélenchon, le maire de Grenoble est clairement identifié comme un interlocuteur par LFI qui voit en Yannick Jadot le promoteur d’un « bloc de centre gauche allié au PS et louchant sur les marges du macronisme », selon un cadre du mouvement.

 

« Il ne faudrait pas que les forces politiques créent les conditions d’un rendez-vous manqué en 2022. L’enjeu n’est pas de battre le beau score de Noël Mamère de 2002, mais bien de gagner la présidentielle. Ça n’a rien à voir », avertit Yannick Jadot. Ses soutiens prennent moins de précautions : « Eric Piolle, c’est le retour aux années Duflot » et ses querelles internes. Au-delà des discours, peu d’acteurs croient en réalité à la possibilité d’une candidature commune. Un socialiste persuadé que Jean-Luc Mélenchon sera, quoi qu’il arrive, à nouveau candidat s’impatiente : « EELV a le vent dans le dos, quel piège peut-on bien leur tendre ? Ils ont tort de penser qu’ils ont une meilleure relation que nous avec LFI. Après la gauche et la droite, est-ce qu’on aura les écologistes les plus bêtes du monde ? »

               


16/08/2020
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