1480- Tour de France des Municipales 17 posts

Le lent déclin du PCF 

Arnaud Focraud Le JDD

Le Parti communiste français fête cette année ses 100 ans d'existence. Mais les prochaines élections municipales devraient confirmer une fois de plus son érosion.

Le Parti communiste français fête cette année ses 100 ans d'existence. Mais les prochaines élections municipales devraient confirmer une fois de plus son érosion.

N'allez pas dire aux communistes que leur parti est en crise. "Non, moi je me sens bien ; chez nous tout va bien", rassure auprès du JDD Fabien Roussel, son secrétaire national depuis 2018. Et pourtant, à l'approche des prochaines élections municipales, le Parti communiste français (PCF) pourrait bien voir son réservoir de près de 700 communes et 7.000 élus se réduire un peu plus encore. Il faut dire que la tendance est la même depuis près de 50 ans, pour une formation qui fête son centenaire cette année. A l'époque, le congrès de la SFIO à Tours, en décembre 1920, avait scellé le divorce entre socialistes et communistes. Et les municipales de 1925 offraient aux seconds leurs premières villes, dont certaines n'ont jamais connu l'alternance jusqu'à aujourd'hui.

En 2020, le PCF vit donc avec sa grandeur passée. Et des bastions qui ont résisté avec le temps, dans le bassin minier du Nord, la banlieue parisienne, les bordures du Massif central ou le pourtour méditerranéen. L'enjeu de ces municipales sera surtout de les conserver.

 

Le Parti communiste est incontestablement en déclin

 

"Ce parti a reculé de façon continue depuis le début des années 1980, malgré des périodes de rémission : il a perdu entre un quart et un tiers de ses effectifs et a vu son espace d'influence se rétrécir, diagnostique Roger Martelli, historien du communisme et ancien cadre du PCF, qu'il a quitté en 2010. Le mouvement est donc incontestablement en déclin, cela vaut aussi pour son ancrage local même s'il résiste mieux que le reste."

 

 

La "ceinture rouge" a fondu

A son apogée à la fin des années 1970 - c'était l'époque de Georges Marchais et du programme commun de la gauche -, les communistes dirigeaient deux fois plus de communes qu'aujourd'hui, environ 1.500, pour un total de 8 millions d'habitants (contre 2,5 millions désormais). Surtout, les 700 communes rescapées regroupent essentiellement des petites communes et des villages, signe d'une implantation rurale qui persiste mais qui ne peut masquer la perte de grandes villes, comme Le Havre, Nîmes ou Bourges.

Ses territoires les plus peuplés se situent aujourd'hui dans "la ceinture rouge" qui entoure Paris, avec Saint-Denis, Montreuil (repris à EELV en 2014), Nanterre, Vitry, Champigny ou Ivry. Cette ceinture rouge s'est toutefois elle-même étiolée au gré des élections, en passant de 53 villes en 1977 à 21 aujourd'hui.

La fin d'un "communisme municipal"

"L'implantation des communistes s'est faite dans les années 1920 sur des zones très précises et pas forcément contiguës, précise Roger Martelli. Si bien que l'on pouvait parler d'un 'archipel communiste', à partir duquel s'est formé ensuite un 'continent' avant la Seconde guerre mondiale. Depuis 40 ans, nous sommes revenus à cette forme d'archipel."

 

Pour créer l'alternative de gauche à Emmanuel Macron, il faut un PCF fort

 

Les raisons du recul du Parti communiste sont à la fois territoriales et sociologiques, avec la désindustrialisation de la France d'un côté, le recul et la dispersion de l'électorat ouvrier de l'autre. Mais c'est aussi une gouvernance particulière des villes qui a disparu avec le temps. Le "communisme municipal" a parfois été pris en modèle. Il consistait à s'appuyer sur la puissance publique pour corriger les inégalités sociales, à travers des politiques volontaristes dans le domaine du logement, de l'accès aux soins, de l'enfance, de la culture ou du sport.

"La problème est qu'avec le cycle de crises économiques que nous vivons depuis 40 ans, l'Etat a eu tendance à davantage transférer de charges que des ressources vers les municipalités, ce qui a amoindri la capacité d'action et donc de redistribution de ces dernières, analyse encore l'historien Roger Martelli. L'originalité de ce communisme municipal s'est par ailleurs diluée à gauche, puisque ces politiques locales ont fini par être menées par d'autres formations que le Parti communiste."

La concurrence de la gauche et du RN

Y a-t-il encore un avenir pour le communisme en France? Si le PCF n'est pas en danger de mort immédiat, c'est sa capacité à incarner une alternative à lui seul qui est aujourd'hui questionné. "Ce qui nous distingue aujourd'hui, c'est notre histoire, tranche Fabien Roussel. On ne mène pas en France la même politique quand le parti communiste est fort que lorsqu'il est faible. Et pour créer l'alternative de gauche à Emmanuel Macron, il faut un PCF fort."

C'est pourtant aussi de la gauche que vient le danger dans cette campagne des municipales. A Saint-Denis, le maire communiste affronte une nouvelle fois le socialiste Mathieu Hanotin et un ancien allié de la France insoumise. A Montreuil, c'est EELV qui défie le maire Patrice Bessac.

Ailleurs, en particulier dans le Nord, les positions communistes sont menacées par la poussée du Rassemblement national, même si l'implantation du parti de Marine Le Pen reste encore limitée au niveau municipal. La principale bataille dans ce département se déroulera à Saint-Amand-les-Eaux, ville dirigée par Alain Bocquet dont le successeur à l'Assemblée n'est autre que… Fabien Roussel. Sa perte serait un symbole.



13/02/2020
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