1277- La campagne 86 posts

 La lettre de campagne
de Laurent Joffrin 


Haro sur Mélenchon
Panique à bord. La percée de Jean-Luc Mélenchon plonge la droite et une partie de la gauche dans la consternation. Le Figaro consacre la «une» et trois pages à un programme selon lui inspiré de Chávez, Lénine et Robespierre ? Rien de moins. Tant qu’à faire dans l’anachronisme, il n’y manque que les chars soviétiques place de la Concorde. A force d’outrance, le journal va rendre Mélenchon sympathique. François Hollande est plus subtil. Il s’inquiète en fait d’un éventuel deuxième tour Le Pen-Mélenchon, que le candidat du Front de gauche n’a pas gagné d’avance, ce qui est un problème plus sérieux. Le président craint aussi pour l’Europe et pour la situation précaire de l’économie française. Mélenchon répond en fustigeant le parti de la «capitulation» face à l’Europe. Ce vocabulaire militaire n’est pas rassurant. On capitule face à un ennemi. L’Union européenne est donc une ennemie...

 
Mélenchon veut un bras de fer avec Merkel pour réviser les traités. Pourquoi pas ? Mais si ce bras de fer échoue, il faudra quitter l’Union. Or l’affrontement a toutes les chances de rater, pour la bonne raison que la majorité des pays européens ne suivront pas (et pas seulement Merkel). Alors on sort ?


Quant au programme économique, il est fondé sur une relance massive de la demande, comme en 1981, à une dose nettement plus forte. L’augmentation du pouvoir d’achat des classes populaires est parfaitement légitime. Mais tout dépend à quel rythme et avec quelle ampleur. Aucun problème, disent les mélenchonistes, la production suivra et donc l’emploi. Comme chacun sait et comme le montrent les chiffres du commerce extérieur ou ceux de la désindustrialisation, l’appareil productif français est en excellent état... Les 273 milliards de Mélenchon risquent de relancer principalement l’économie allemande ou la chinoise. Au moins, ils serviront à quelque chose.
Et aussi
• Hamon dévoile un plan destiné à créer un million d’emplois. Il est temps. Jusqu’ici, son discours vert pomme restait discret sur l’emploi. Le mot chômage, par exemple, n’apparaissait pas dans le projet diffusé après la primaire. Depuis, Hamon est passé de 17% à 9% dans les intentions de vote. Il y a peut-être un rapport entre les deux.
• Macron prévoit de légiférer par ordonnances sur le marché du travail. C’est sûrement le résultat d’une conviction profonde. Ces ordonnances sont efficaces pour faire passer des lois difficiles. Elles le sont tout autant pour faire fuir les électeurs de gauche qui ont rejoint le candidat d’En marche.
• Jadot monte en ligne contre Mélenchon. «Il dit qu’il faut une Europe de la France à l’Oural. Ce n’est pas un discours de paix, c’est un discours de reddition. Quand vous commencez à dire qu’il serait normal qu’une Russie expansionniste récupère les pays baltes et qu’on ne se battra pas pour eux ni pour l’Ukraine et la Crimée, au fond, on accepte l’expansionnisme russe», a-t-il clamé. Mais alors pourquoi ont-ils tenté, lui et Hamon, de négocier pendant un mois avec Mélenchon au lieu de faire campagne ?


LAURENT JOFFRIN

 

                                                             **** 

 Le Grand Débat

Finalement le débat d'hier soir entre les 11 candidats à la présidentielle a eu le mérite de donner une idée assez complète des sensibilités et de la culture politique française. C'est sans doute la conséquence  heureuse de l'apport des " petits candidats " , qui a incontestablement ouvert le débat , au delà de l'exercice réaliste et gestionnaire qui est imposé aux grosses écuries présidentielles ! On y a en particulier retrouvé des expressions qui ne sont pas dénuées d'influence dans l'opinion publique française, mais que la bipolarisation des partis " de Gouvernement " , écrasante ces dernières années , a longtemps effacé au prix d'une frustration et d'une démobilisation civique d'une part croissante des électeurs : extrême Gauche , Gaullistes nostalgiques , notamment .

Il y avait de ce point de vue , dans les styles d'expression comme dans les thèmes et la rhétorique  , quelque chose d'un retour aux années 60 :

 

- la résurgence de la haine de classe et des idées marxiste- léninistes  de confiscation , de nationalisation et de nivellement social de Nathalie Arthaud et de Philippe Poutou . Par leur spontanéité , ils ont incontestablement enrichi le débat , et ils peuvent faire bouger les lignes à la marge dans les intentions de vote à Gauche . A voir ..

 

- la nostalgie du Gaullisme souverainiste des années 60 , clairement exprimée par Nicolas Dupont -Aignan , jacques Cheminade et surtout François Asselineau , comme si le monde d'aujourd'hui et la place de la France n'avaient en rien changé depuis les années 60 . Trop éloigné du monde d'aujourd'hui pour entamer les socles électoraux de Le Pen et de Fillon , me semble t il ...

 

Ce qui m'a tout de même beaucoup frappé , c'est la permanence profonde , et très partagée de  l'extrême Droite à Mélenchon , d'une conception éthérée , quasi mystique , de la puissance et de l'influence françaises  , héritée du " récit national " gaulliste et communiste d'après guerre , du refoulement du rôle fondamental qu'ont joué des apports étrangers ( plan Marshall , reconstruction allemande , plan agricole Mansolt ) dans nos années heureuses d'après guerre , et des dividendes de notre longue histoire coloniale !

Il en résulte aujourd'hui encore une lecture hypertrophiée de la place de la France et de son indépendance , sans doute flatteuse pour l'électorat , mais qui ne perturbe pas Poutine ou Ji Jing Ping  , si même ça ne les amuse ....

 

Cette vieille arrogance française , hors de nos moyens d'aujourd'hui  , explique la tonalité très nationaliste du débat et l'incontestable banalisation des idées de retrait de la France de l'euro ou de l'Europe , qui sont à la fois portées par ceux qui le revendiquent franchement ( Le Pen , Asselineau ) ou ceux qui proposent de poser à l'Europe des conditions françaises qu'ils savent inacceptables pour les autres Etats membres ( Dupont Aignan , Mélenchon ) afin de préparer les français à la quitter !

 

J'ai apprécié hier soir la résilience de Benoit Hamon qui a enfin adopté une posture départie de ses traditionnels entrechats tactiques , qui ont embourbé sa campagne .

 

Le fait que Jean Luc Mélenchon sorte du débat plébiscité dans les sondages , confirme que la dynamique est pour lui , malgré un programme ringard et éthérée . Une prime au talent , et à un changement de comportement et d'empathie !

 

Gilles SAVARY (partage)



05/04/2017
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