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Vallaud contre Faure, tout contre
Fausse surprise dans la byzantine bataille interne du Parti socialiste : Boris Vallaud votera pour Oliver Faure le jeudi 5 juin prochain. Bonne nouvelle pour la direction sortante. Mais pour le parti ?

C’est un opposant qui ne s’oppose plus, un électron libre qui retourne en cage, un franc-tireur qui pose le fusil. Après de longues journées de supputations surjouées, Boris Vallaud, le dissident factice, rentre au bercail et rejoint la direction sortante du PS. Naïvement, on pouvait penser qu’une équipe contre laquelle quelque 60% des adhérents ont voté serait remplacée. Bernique : l’alchimie socialiste change l’or en plomb et le minoritaire rejeté en majoritaire sauvé des eaux.
À écouter Vallaud, on croirait entendre un centriste désabusé : changement dans la continuité, indépendance dans l’interdépendance, « il faut que tout change pour que rien ne change », etc. La majorité des adhérents voient que le parti a besoin d’un renouveau, mais les combinaisons du couple Vallaud-Faure imposent le statu quo.
Sans sursaut militant dans les derniers mètres de la course, sans prise de conscience de l’urgence à rebâtir une gauche de gouvernement crédible, le PS restera ce qu’il est, c’est-à-dire l’ombre de lui-même, perdant des militants et peinant à regagner des électeurs. Il continuera de chasser le dahut d’une union de la gauche au premier tour de la présidentielle dont ni Mélenchon ni Glucksmann ne veulent. Il restera sous l’influence intellectuelle de la gauche radicale, puisque c’est cette amulette que Faure a agitée sans relâche pendant sa campagne, mettant en garde les socialistes contre toute rupture, non avec LFI, dont il dit qu’il a fait son deuil, mais avec les présupposés de la gauche radicale.
Sa stratégie ? Une primaire de haute volée avec Marine Tondelier, Clémentine Autain, et peut-être Fabien Roussel, qu’il espère gagner, pour une candidature de témoignage face à Mélenchon, sur la base du programme du NFP, projet inopérant depuis sa naissance, rendu surréaliste par la nouvelle situation du pays, entre désindustrialisation, crise financière et bouleversement géopolitique. Alors que l’élaboration d’une plate-forme autonome du courant réformiste, proposition de l’opposition socialiste, est de toute évidence l’urgence de l’heure.
Il est vrai qu’à force de faire des concessions intellectuelles à LFI, on finit par ne plus penser par soi-même, mais seulement à travers le prisme déformant de l’union à tout prix. Rappelons, pour mémoire, que François Mitterrand, naguère architecte de l’Union de la Gauche, avait couplé la négociation de cet accord avec une énergique refonte du PS, dont on ne voit pas le commencement du début dans la motion Faure. Au fond, la décision de Vallaud, si elle n’est pas désavouée par le vote des militants, a une conséquence principale : Jean-Luc Mélenchon peut dormir tranquille ; ce n’est pas demain que le PS lui fera de l’ombre.