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Le Point
Ukraine : comment une conversation entre officiers allemands a été dévoilée par Moscou
Article de Par Guerric Poncet Le Point
Ukraine : comment une conversation entre officiers allemands a été dévoilée par Moscou© Abaca
 

La sécurisation des communications entre officiers de haut rang est au coeur d'une polémique qui agite l'Allemagne, depuis la diffusion, le 1er mars, par la Russie d'une conversation impliquant notamment le général Ingo Gerhartz, commandant en chef de l'armée de l'air allemande (Luftwaffe) et expert des systèmes d'armes. Son grade de lieutenant général est l'équivalent d'un général quatre étoiles en France : chacune de ses paroles peut peser lourd

 

Selon les informations du Spiegel, ce serait au cours d'un échange via WebEx, la plateforme de visioconférence du géant américain Cisco Systems, que l'enregistrement aurait été effectué. Le plus vraisemblable est qu'un participant fantôme à la solde de la Russie ait obtenu les codes de connexion, sans que les officiers se rendent compte qu'ils étaient écoutés.

Si le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dénonce de « l'espionnage » et une « tentative de déstabilisation »

par la Russie, il semble que ce soit l'immense imprudence des officiers qui ait offert au Kremlin cette arme informationnelle.

Des soldats français et britanniques déjà en Ukraine ?

L'échange dure une trentaine de minutes et a été dévoilé par la directrice de la chaîne pro-russe RT. Le sujet qui marque le plus l'opinion publique allemande est celui des missiles à longue portée Taurus, dont la livraison est actuellement évoquée par Berlin. Il en faudrait « dix ou vingt » pour détruire le pont de Crimée, reliant la péninsule au reste du territoire russe, estiment notamment les militaires allemands.

 
 

Contredisant le chancelier Olaf Scholtz, les officiers estiment que la livraison n'impliquerait pas forcément d'envoyer des soldats allemands pour accompagner la mise en oeuvre des missiles. L'hypothèse d'un tel don soulève une polémique dans le pays, qui reste très prudent sur la scène politique internationale, et dont la loi fondamentale restreint tout engagement militaire extérieur.

 

Mais pour la chancellerie, l'aspect le plus problématique de la conversation est certainement le moment où des éléments sensibles concernant d'autres pays membres de la coalition pour l'Ukraine sont évoqués, notamment le don par la France et le Royaume-Uni de dizaines de missiles Scalp et Storm Shadow.

 

L'échange semble en effet confirmer un secret de polichinelle : des militaires français et britanniques sont déployés sur le territoire ukrainien pour aider Kiev à mettre en oeuvre ces armements complexes. Une phrase imprudente d'Olaf Scholz sur le sujet avait déjà irrité Londres il y a quelques jours : nul doute que ce nouvel épisode renforcera les tensions.

 

Coupable imprudence

L'utilisation de WebEx, un outil grand public, pour discuter de sujets intéressant la sécurité de l'Europe entière est une faute grave, alors que des réseaux ultra-sécurisés sont mis à disposition par le ministère allemand de la Défense. Cet incident alarmant est symptomatique de la mauvaise hygiène informatique des décideurs occidentaux, régulièrement pointée par les agences de contre-espionnage, dont la DRSD ou la DGSI en France. Alors même que des outils chiffrés et protégés sont disponibles, c'est le maillon humain qui fait défaut, par paresse, par habitude ou par excès de confiance.

 

En France, du ministère des Armées jusqu'à l'Élysée, de nombreuses données sensibles  sans être classifiées  circulent aujourd'hui encore grâce à des outils dont le chiffrement n'est pas à la hauteur des enjeux. Pire, en Europe comme aux États-Unis, des applications connues pour être potentiellement porteuses de portes dérobées  comme WhatsApp, TikTok, Gmail, AliExpress ou Shein  peuvent être installées sur les smartphones de personnalités exposées à l'espionnage.

 

Les fuites d'informations viennent parfois d'où on ne les attend pas. En 2018, un petit malin s'était rendu compte qu'il pouvait identifier les bases secrètes de la CIA, cartographier les chemins de ronde des bases françaises en Afrique ou surveiller les habitudes des agents de la DGSE, en regardant des tracés GPS publiés sur l'application de jogging Strava

 

                                                                                *******

 

Yaël Braun-Pivet
 
Présidente de l’Assemblée nationale, députée des Yvelines, première femme a présider le Congrès 

 

 

 

 

 

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07/03/2024
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