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Un réveil de l’Europe plus urgent que jamais

Il en faudra plus pour sauver l’Europe. Plus qu’un rapport Draghi, à l’origine d’une prise de conscience salutaire mais tardive sur le danger de « lente agonie ». Plus qu’une loi omnibus décidée par la Commission européenne, désormais convaincue, après l’avoir longtemps ignoré, du risque de la surcharge administrative sur une industrie exsangue. Plus que les barnums du style Choose France. Et plus que les zigzags de Donald Trump qui, par contraste, font du Vieux Continent une zone de stabilité.
Sous Joe Biden, les Etats-Unis sont redevenus une terre promise. En 2024, les investissements directs étrangers y ont progressé de 20 % selon la Cnuced, quand ils reculaient de 60 % en Europe. Bruxelles, qui n’a toujours pas dealé avec Washington sur les droits de douane, se rassurera à bon compte en pariant que le trumpisme finira par briser cette attractivité hors norme. Voire. Malgré la menace d’invasion américaine du Groenland, le Danemark va acheter des F-35 plutôt que des Rafale. Une parabole de la prochaine soumission des Vingt-Sept, trop fragiles pour assumer par des actes leur discours d’autonomie stratégique ?
Car l’Union européenne a déjà perdu trop de temps. Au risque de décrocher. Sa productivité stagne alors que sa population vieillit. Sa population active baisse en qualité au moment où les innovations de rupture nécessitent talents et compétences. La fragmentation de son marché intérieur freine la coordination des politiques industrielles et appauvrit la recherche. L’aversion au risque paralyse l'épargne, etc. A revers du lénifiant débat franco-français, l’urgence est à la moindre régulation, à l’investissement tous azimuts et à l’invention de l’avenir technologique. La Chine n’a pas attendu pour s’adapter à un nouveau monde multipolaire sans multilatéralisme. L’Europe à des atouts. S’en prévaloir ne suffit plus. Les renforcer et, surtout, en jouer devient impératif.