INFO LA DÉPÊCHE. Un bail de 19 ans, 3,6 M€ et un conseil décisif pour Tekever : entretien avec Jean-Luc Marx, président du Grand Cahors
Jeudi 25 septembre, le conseil communautaire du Grand Cahors doit se prononcer sur deux délibérations cruciales : le déclassement du parc des expositions de Fontanes et sa mise à disposition via un bail emphytéotique au profit du groupe Tekever. Un tournant "historique" pour l’agglomération ?
Le groupe portugais Tekever, spécialiste des drones civils et militaires, a choisi le Grand Cahors pour implanter son centre d’excellence. Un investissement stratégique qui soulève autant d’espoirs économiques que de controverses locales autour du devenir du parc des expositions. Entretien avec le président du Grand Cahors, Jean-Luc Marx.
Comment avez-vous convaincu Tekever de choisir Cahors Sud pour son centre d’excellence ?
Nous avons travaillé de longue date à valoriser l’aérodrome et la zone d’activités. En juin 2024, nous avons accueilli Aerospace Valley, puis participé à plusieurs salons, dont celui de Biarritz. En mars-avril 2025, Tekever a marqué son intérêt pour un endroit qu’il ne connaissait pas, mais qui pouvait éventuellement servir. Nous avons conduit plusieurs échanges, notamment lors du Salon du Bourget. Tekever a été choisi dans le cadre du sommet "Choose France" pour présenter son projet d’investissement de 100 millions d’euros sur l’Occitanie. Nous étions en compétition avec d’autres sites. Nous avons su démontrer nos atouts.
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Vous avez pu parler d’un "rendez-vous avec l’histoire" à ce propos. Pourquoi ?
Parce que Cahors a longtemps manqué d’implantations industrielles majeures. Le Lot est industriel, mais surtout au nord et autour de Figeac. Nous avons des entreprises solides, mais moins structurantes. Tekever représente une industrie du présent et de l’avenir, avec des équipements qui correspondent à ses besoins, l’aérodrome et le parc des expositions.
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Le parc des expositions est installé sur la commune de Fontanes. Sa maire, Roselyne Valette, s’est fortement opposée à la désaffectation du site. Que pouvez-vous lui répondre ?
Je comprends ses réserves, mais il faut rappeler que le parc, construit il y a 23 ans, ne sert qu’une trentaine de jours par an, en moyenne. Onze mois sur douze, le parking et ce grand bâtiment sont vides, pour un coût moyen de 150 000 euros par an. Le bâtiment ne remplit pas le rôle que nos prédécesseurs lui avaient donné. Avant Tekever, une étude avec l’aide financière de la Banque des Territoires en 2024 a conclu que la vente était une option bien plus favorable que la gestion publique ou une délégation.

Mais, il y a une voix contre parmi les 72 membres du conseil communautaire. Ce n’est pas n’importe laquelle. Il s’agit de celle de la maire de Fontanes. Je comprends l’argument du parc des expositions comme lieu de secours en cas de crise. Nous travaillons à un plan intercommunal de sauvegarde pour répondre aux besoins en cas de crise.
Je regretterais que Fontanes maintienne son opposition, malgré les recettes fiscales que la commune pourrait percevoir. Ce sera quatre à cinq fois plus que ce que le parc rapportait. La commune d’implantation aura aussi une carte à jouer pour accueillir les nouveaux salariés de l’entreprise.
Le recours à un bail emphytéotique sera mis au vote, jeudi, en conseil communautaire, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un choix stratégique. Le 17 juillet, nous avons voté la désaffectation du parc. Jeudi 25 septembre, deux délibérations seront soumises : la première, ce sera le déclassement, la sortie du domaine public et la seconde sera l’autorisation de la signature d’un bail emphytéotique.
Le parc est estimé à 3,6 millions d’euros, avec un loyer de 300 000 euros par an sur 19 ans. L’entreprise pourra acheter plus tôt, le prix étant recalculé au prorata. Le bail débuterait le 1er janvier 2026. Cela permettra de sécuriser l’investissement tout en gardant une part de maîtrise publique.
Que deviendront les événements accueillis au parc des expositions ?
Nous avons deux types de réponses. À court terme, chaque manifestation est accompagnée pour trouver une solution. Par exemple, le Meules Bleues Festival pourrait adopter un modèle urbain, à l’image des Francofolies de La Rochelle, qui utilisent l’espace public existant. À moyen terme, nous travaillons avec le Département pour concevoir un nouvel équipement adapté aux congrès, salons et spectacles. Nous regardons du côté d’exemples réussis, comme à Bergerac, Albi ou aux Sables-d’Olonne. En attendant, l’espace Valentré et La Prade permettront d’assurer la transition.
Au-delà de Tekever, peut-on imaginer un écosystème industriel autour du drone ?
Oui, et nous y travaillons déjà. Prenons les feux de forêt : un vol de Canadair coûte plusieurs milliers d’euros de l’heure. Demain, des drones équipés d’intelligence artificielle pourraient surveiller pour quelques euros seulement et alerter les avions au bon moment. Mais les applications sont plus larges : surveillance maritime, observation de la biodiversité, prévention des risques naturels. Nous avons une carte à jouer dans cette industrie d’avenir.
Vous ne serez pas candidat à votre succession aux prochaines municipales. Ce projet marquera-t-il la fin de votre mandat ?
Je précise. Je ne serai pas tête de liste. Je ne conduirai pas de liste aux municipales et sur la partie communautaire du territoire. En ce qui concerne Tekever, c’est un grand dossier, mais pas le seul. Il s’agit d’une belle aventure dont j’espère la réussite.