L'édito éco de Lucie Robequain. Trump ou l’économie « has been »
Lucie Robequain La Tribune Dimanche

Découvrez l'édito de Lucie Robequain.
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Lucie Robequain La Tribune Dimanche
Découvrez l'édito de Lucie Robequain.
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Donald Trump a décroché un diplôme d'économie à l'université de Wharton à la fin des années 1960. Le monde a radicalement changé depuis. Lui en est resté là. Il garde l'image d'un monde simple et cloisonné tel qu'il a existé jusqu'aux années 1990.
À l'époque, une voiture Renault était française de la carcasse jusqu'au plus petit boulon : le volant, les sièges, les pots d'échappement étaient construits non loin de l'usine d'assemblage. Idem aux États-Unis et en Asie. Quand l'Amérique décida de taxer les voitures japonaises dans les années 1980, l'effet fut donc immédiat : les constructeurs nippons bâtirent des usines aux États-Unis, contribuant à la réindustrialisation de l'Amérique. Les constructeurs américains, eux, ne subirent aucun dommage : leurs Jeep et Chrysler étaient 100 % « made in Detroit ». Pari gagné, donc, pour Ronald Reagan.
En voulant taxer dès cette semaine les voitures et composants importés aux États-Unis, Donald Trump tente de rejouer le même scénario : dans son esprit, les constructeurs étrangers peuvent faire le choix de s'installer en Amérique pour échapper aux droits de douane. À défaut, ils devront verser des fortunes à l'État - de l'ordre de 100 milliards de dollars par an, selon la Maison-Blanche - pour maintenir leurs positions. Hélas, il n'y a personne pour dire au président que l'économie a changé.
Les constructeurs américains intègrent autant d'équipements étrangers à leurs véhicules que la concurrence. Conséquence : les Chrysler, GM et autres vont régler une grosse partie de la facture.
Un seul, peut-être, s'en sortira mieux que les autres : c'est Tesla, qui a beaucoup plus d'usines américaines que ses adversaires. Les modèles électriques de GM et de Ford, par exemple, sont assemblés au Mexique. De là à soupçonner un conflit d'intérêts pour Elon Musk, à la fois PDG de Tesla et conseiller de Donald Trump...
Les Américains, en tout cas, seront clairement perdants : l'achat d'une voiture leur coûtera 6 000 dollars de plus en moyenne, selon les experts de Morgan Stanley ! Mais qu'importe pour Donald Trump : l'essentiel est de faire croire que ce sont les autres qui paient. Le président américain brandit une autre recette des années 1980 dont il attend des miracles : celle de la dévaluation.
Faisons baisser le dollar, les exportations s'envoleront, clame-t-il. En oubliant qu'un dollar dévalué renchérit les produits importés et hypothèque sa promesse de faire baisser les prix. Et que Washington aura du mal à convaincre les investisseurs étrangers de continuer à financer sa montagne de dette si les dollars qu'ils possèdent valent beaucoup moins demain...
Qu'il s'agisse des droits de douane ou du dollar, la politique économique de Trump est fondée sur une conviction : le reste du monde nous arnaque, il est temps de faire payer les autres. Dans le monde de Trump, l'économie est un jeu à somme nulle : ce que je gagne, tu le perds. Dans le monde réel, il arrive aussi que tout le monde perde : nous y sommes
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 375 autres membres