SONDAGE - Européennes 2024 : alerte rouge pour le camp Macron
A deux semaines du scrutin, l'écart se creuse encore entre la liste conduite par Jordan Bardella, créditée de 32 % des voix (+1), et celle de Valérie Hayer (15 %, -1), dans le baromètre EuroTrack OpinionWay - Vae Solis pour « Les Echos ». Ceci alors même que l'intérêt des Français pour la campagne et l'indice de participation augmentent. La dynamique de la liste de Raphaël Glucksmann semble enrayée.
Par Isabelle Ficek LES ECHOS
Tout au long de cette campagne pour les élections européennes, qui ressemble davantage à un chemin de croix qu'à un chemin de roses pour la majorité, les stratèges du camp Macron ont tenté de se rassurer en estimant que la dynamique viendrait après le discours de la Sorbonne du chef de l'Etat, puis après les ponts du mois de mai, puis avec les débats…
Et pourtant, à deux semaines du scrutin, dans le baromètre OpinionWay-Vae Solis pour « Les Echos » et Radio Classique, l'écart se creuse encore entre la liste du Rassemblement national de Jordan Bardella, en hausse de 1 point en une semaine à 32 % des intentions de vote, et celle de Valérie Hayer en recul de 1 point à 15 %. La liste de la majorité présidentielle n'a toujours que 2 points d'avance sur celle de Raphaël Glucksmann (PS-Place publique), à 13 %, elle aussi en repli de 1 point.
Bonnes audiences
« La domination du Rassemblement national demeure très forte, on ne sait pas s'il y a un plafond finalement dans cette campagne, relève Bruno Jeanbart, vice-président d'OpinionWay. Sur la durée, c'est la seule dynamique ; celle de Raphaël Glucksmann est interrompue. Quant à la liste de Valérie Hayer, sa chute, depuis mars où elle recueillait 20 % des intentions de vote, est assez importante. Elle souffre d'un déficit de mobilisation avec seulement 50 % des électeurs d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2022 mobilisés, un chiffre qui a baissé. »
Le camp Macron peine toujours à mobiliser, en dépit d'un intérêt pour la campagne qui grimpe - en témoignent aussi les bonnes audiences enregistrées par les chaînes sur les débats qu'elles organisent - et d'un indice de participation qui, lui aussi, progresse.
« Comme en 2019, ce scrutin est la première élection depuis la présidentielle, et il avait lieu après les 'gilets jaunes ' ; il y a eu, là, depuis 2022, la mobilisation contre les retraites puis la colère des agriculteurs, on est dans la même ligne, même s'il n'est pas sûr que l'indice de participation connaisse une hausse aussi forte dans la dernière semaine », analyse Bruno Jeanbart pour lequel « les deux principales listes ont intérêt à une plus forte participation ».
C'est, au Rassemblement national, une « inquiétude », estime-t-il, qui explique « toute la thématique autour de la dissolution, de la démission du président de la République ; le parti veut montrer à ses électeurs qu'il peut se passer des choses à l'issue du scrutin, c'est une manière de leur rappeler qu'il faut aller voter ».
Quant au camp Macron, il peut espérer d'une hausse de l'indice de participation, une remobilisation de son électorat, selon le sondeur, alors qu'il souffre pour l'instant d'un « noyau macroniste qui s'est affaissé », avant une « élection toujours compliquée pour le pouvoir ».
Stratégie du duel qui divise
Le risque de cette stratégie, qui divise le camp présidentiel, en témoigne les remarques aigres-douces d'Edouard Philippe sur ce débat « surprenant », est de mobiliser surtout le camp adverse. Emmanuel Macron, qui a promis de s'impliquer fortement d'ici au 9 juin, est, souligne cependant le sondeur, « capable de mobiliser » parmi cet électorat qui « rechigne pour l'instant à aller le soutenir, déçu par les débuts de son deuxième mandat et ayant déjà un peu tourné la page, mais déçu également par les autres partis ».