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Sanglots d'automne
La Tribune Dimanche
Un an après l'assassinat de Dominique Bernard et quatre ans après celui de Samuel Paty, l'actuel pouvoir reste confronté à la difficulté de faire respecter la laïcité. Les formations délivrées aux enseignants paraissent bien timorées et dérisoires au regard de la gravité de la situation : l'agression dont a été victime une professeure d'un lycée de Tourcoing ne manque pas d'inquiéter au moment où la communauté enseignante ressent douloureusement la suppression de 4 000 postes.
La nouvelle ministre de l'Éducation nationale peut toutefois faire état de résultats positifs sur le front des atteintes à la laïcité. Merci à Gabriel Attal d'avoir interdit le port de l'abaya et du qamis à l'école. Sa successeure a raison de vouloir densifier les outils pédagogiques à la disposition des personnels. On n'en fera jamais assez en la matière.
La patronne des enseignants semble décidée également à défendre ses moyens afin d'alléger la coupe budgétaire. Elle ne va pas jusqu'à se révolter contre Michel Barnier à l'instar de ses collègues de la Justice, de la Culture et du Numérique. Décidément, cette multicohabitation - entre le président et le Premier ministre, entre l'Assemblée et le gouvernement et, donc, au sein même de l'équipe Barnier - n'a pas fini de nous donner le tournis...
Heureusement, pour ne pas grever les finances, le professeur Bruno Le Maire préfère dispenser des cours en sciences économiques à Lausanne. À croire que le gouvernement a oublié que « le vrai manuel de l'élève est son professeur », comme le pensait Gandhi. Confronté à une crise sans précédent de recrutement et une incapacité chronique à pourvoir au remplacement des profs absents, le ministère est empêtré dans une aléatoire mise en pratique d'un choc des savoirs... qui a surtout révélé la méconnaissance du fonctionnement des établissements par les têtes pensantes de la Rue de Grenelle.
Les réactions hostiles à la réduction des effectifs illustrent la gageure pour le gouvernement Barnier de faire accepter les coups de rabot dans l'opinion mais aussi dans sa majorité oublieuse du laisser-aller financier de ces derniers mois. Comment ne pas sourire quand le ministre macroniste des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, clame que « nous ne pouvons pas laisser déraper nos comptes » ? Qui donne la leçon se doit de donner l'exemple, selon le mot de Courteline. Or des observateurs ont remarqué que les budgets de l'Élysée et du Parlement sont en hausse pour 2025. La placidité de Michel Barnier risque d'être mise à rude épreuve face à la colère des Français confrontés dans leur quotidien à la rigueur, avec notamment la hausse des taxes sur l'électricité et le gaz et le report de la revalorisation des retraites. Même le ciel, avec les inondations qui ont frappé les Pays de la Loire et la région parisienne, contribue à entretenir la morosité de nos compatriotes, dont le moral oscille entre le gris clair et le gris foncé.