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Violences antisémites à Amsterdam
C’est une guerre des bords de la Méditerranée qui s’est soudain transportée entre polders et Mer du Nord, dans la paisible Amsterdam. Ce qui devait être une rencontre sportive s’est transformée en combat de rue, et plus exactement en une chasse aux Israéliens, une chasse aux juifs : une sorte de pogrom. Des militants se réclamant de la cause palestinienne ont pourchassé les supporters, les ont tabassés, humiliés, au milieu des canaux et des vélos. Jamais un tel affrontement ne s’était produit dans une métropole européenne et ces événements ont sidéré la communauté internationale. Le poison de l’antisémitisme s’est étalé avec fracas au pays d’Anne Franck.
Un deuxième poison n’est peut-être pas étranger à ce déchaînement de violence, un poison propre au football : c’est celui du hooliganisme. Les supporters du Maccabi Tel-Aviv auraient multiplié les provocations avant le match qui devait opposer leur équipe à l’Ajax d’Amsterdam. Tout semblait réuni pour une explosion, même si les autorités néerlandaises se méfiaient de cette rencontre : les déplacements d’Israéliens sont désormais à haut risque.
Car il en est ainsi aujourd’hui. Le conflit israélo-palestinien a débordé de ses frontières et déchaîne les passions à travers le monde. Ce sont des défilés dans les rues arabes, des manifestations à Londres ou à Berlin, des universités en grève comme en France. La guerre s’invite aussi dans le domaine du sport, qui plus que tout autre, devrait être un monde de paix et de respect : n’a-t-on pas entendu, cet été, de la bouche d’un certain député que « les Israéliens n’étaient pas les bienvenus aux Jeux Olympiques » ? Triste couac, pour un pays d’accueil… Aux Etats-Unis, la communauté musulmane était tellement déçue de l’attitude trop clémente des démocrates vis-à-vis de Netanyahu, qu’elle a boudé le vote Kamala Harris. Laissant hélas ! la voie libre à Donald Trump, qui immanquablement, fera bien pire.
Et l’on constate « in fine » que cette guerre lointaine fait naître des guerres intérieures, partout où elle s’étend. Et notamment dans notre Hexagone où la question palestinienne déchire la classe politique. Une certaine extrême gauche flirte avec l’antisémitisme, tandis qu’une certaine extrême droite donnera sa bénédiction aux pires brutalités de Tsahal.
Or, Israël et Palestine sont condamnés à vivre ensemble, en paix, un jour ou l’autre. Et pour qu’ils puissent y croire, il faut tout d’abord que l’Occident, qui a tout raté dans la région depuis 50 ans, puisse y croire lui-même. En commençant par faire taire ses propres divergences et proposer des solutions de paix, honorables pour chaque camp. Vouloir importer ici la guerre qui est là-bas, c’est en quelque sorte hurler : « A mort, l’arbitre ! »
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La gare fantôme où trépasse le fret français Le Canard Enchaîné