Cet accord, l’autoroute, aurait été une vraie entente entre syndicats et patronat sur l'« aménagement » de la très impopulaire loi Borne. Le summum : une sanctuarisation des 64 ans contre des avancées sur la pénibilité, un cheval de bataille cédétiste. François Bayrou aurait alors pu afficher une triple victoire. Personnelle, en illustrant les bienfaits de sa méthode. Stratégique, en démontrant qu’il est possible de réformer, mieux d’apaiser grâce à la démocratie sociale, et sans majorité. Politique enfin, en arrimant au socle commun un PS qui aurait eu du mal à rejeter un texte inspiré par la CFDT. Trois succès pour durer, à défaut de sauver le régime par répartition.

Cette voie royale était trop belle pour que Matignon y renonce. Va donc pour le chemin chaotique. Pas d’accord en bonne et due forme, mais un « pour-ainsi-dire » accord. Une classique intervention politique. Pas (encore ?) de compromis sur la pénibilité et sur le financement. Pas d’assurance d’une acceptation des négociateurs. Mais, malgré tout, la promesse d’un texte « soumis au Parlement à l’automne ». Même partiel ? Même sans quitus des partenaires sociaux ? Sans risque de détournement par les députés ? Trop tôt pour le savoir. La voie s'élargira-t-elle ou finira-t-elle en cul-de-sac ? Réponse dans deux ou trois semaines. Quinze jours de gagnés. Ou de perdus.