Fidèle à son personnage de grand pourfendeur de la dette publique, le Premier ministre a fait un discours d’une vraie lucidité sur la situation financière du pays et son addiction à l’argent de l’Etat. Et comme tout centriste qui se respecte, il a tenté de donner des gages à droite et à gauche, mesure sur le travail par-ci, promesse sur la fiscalité des riches par-là. Sans aucune garantie, cependant, que son plan puisse trouver une majorité dans une Assemblée devenue ingouvernable.

C’est tout le pari de François Bayrou : prendre à témoin les Français que « notre pronostic vital est engagé », leur faire prendre conscience que la gravité de la situation menace de nous priver de liberté et risque de nous contraindre à « plier » devant nos créanciers, comme d’autres pays ont dû le faire avant nous. Et ainsi mettre les partis politiques en face de leurs responsabilités, lorsque sera venu le moment de faire voter le dispositif austéritaire qui s’annonce. Rien ne dit que ce catastrophisme sera politiquement suffisant pour convaincre l’opinion publique que le temps des efforts est venu, ni que le PS ou le RN, qui tiennent le gouvernement en joue, se laisseront amadouer. Mais quelle que soit l’issue de ce discours, au moins le travail de pédagogie sur l’état réel du pays, tellement endetté et si peu productif, aura-t-il progressé.