EDITO. Rapport accablant sur les Frères musulmans : fermeté et courage
Il suffit de jeter un coup d’œil dans les rues, de visiter un quartier, d’aller sur un petit stade de banlieue ou de rechercher un « bon » kebab. Ça fait déjà longtemps que nous constatons l’influence de la culture arabo-musulmane dans notre paysage français et que nous nous en accommodons. Parfois, cette influence est omniprésente, pour ne pas dire « pesante », et, forcément, elle crée des tensions. Le plus souvent, nous admettons que la France est multiculturelle, qu’elle est depuis toujours « ouverte » au monde, qu’elle exprime une riche diversité et que ses lois permettent à tous, quelle que soit son origine, sa religion ou sa culture, de vivre en bonne tolérance. Il faut se garder de ces discours « identitaires » qui font de l’« autre », l’étranger ou le migrant, la source unique de tous nos malheurs.
Et pourtant, le rapport sur le prosélytisme et l’entrisme du mouvement des Frères musulmans au sein de la société française nous éclaire sur certaines postures et certaines prétentions. Depuis plus d’un demi-siècle, ces militants islamistes investissent des lieux de culte, des écoles, des associations sportives, des œuvres caritatives et, désormais, des réseaux sociaux pour jeter les bases d’un État islamique en France. Peu à peu, en contestant le cours d’un enseignant, en exigeant des horaires de piscine différents selon les sexes, en interdisant à la femme d’être auscultée par un médecin homme, en militant pour le port du voile jusque sur un terrain de football, nous assistons à un lent « grignotage coranique ». À chaque fois, c’est une petite partie de nos libertés et de notre mode de vie qui est en jeu. Et, au final, c’est une attaque dissimulée contre les grands principes de notre République – pour peu qu’on lise la littérature des Frères musulmans, contre la liberté et l’égalité des femmes ou contre d’autres communautés religieuses, à commencer bien sûr contre la communauté juive.
Enfin et surtout contre l’école telle qu’elle est façonnée chez nous par la laïcité. L’évidence d’un réel danger est apparue aux yeux de tous en octobre 2020, avec l’assassinat de Samuel Paty, et, dans la foulée, la dénonciation par Emmanuel Macron du « séparatisme islamiste ».
Mais un simple rapport, fut-il dûment documenté, ne nous protège de rien. Nous devons l’utiliser avec justesse et efficacité. Justesse : d’abord ne pas confondre les affidés de la charia avec l’écrasante majorité des musulmans français qui vivent et pratiquent sereinement leur religion – l’islam n’est pas l’islamisme. Efficacité ensuite : rechercher un consensus politique (hormis ceux qui flattent le communautarisme et l’antisémitisme pour des raisons électoralistes) et proposer des moyens de lutte concrets – du renseignement à la prévention face aux dérives islamistes, de la répression à l’expulsion des prêcheurs subversifs.
La France, telle que nous la vivons, mérite liberté et tolérance. Pour les préserver, elle mérite aussi fermeté et courage.