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Rébellion de Wagner : et Prigojine lança sa contre-offensive en Russie
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par Julien Peyron, pour Le Point - juin 2023 Republié par JALR
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Evgueni Prigojine et ses miliciens engagés dans la guerre en Ukraine se sont retournés contre leur ancien maître. Pour le régime de Poutine, la menace vient désormais de l’intérieur.
On l'attendait à Bakhmout ou à Orikhiv, elle est venue de Rostov-sur-le-Don. Depuis vendredi soir, la principale menace au régime de Vladimir Poutine ne provient plus des régions du Donbass, où l'armée ukrainienne a lancé sa contre-offensive, mais de la grande ville du sud de la Russie. La milice Wagner, qui était l'un des fers de lance de la guerre du Kremlin en Ukraine, s'est retournée contre son créateur. Après des semaines à se plaindre du manque de soutien des autorités russes, Evgueni Prigojine est entré en rébellion. Sa milice contrôle le grand port russe sur la mer d'Azov et déjà des témoins assurent avoir vu des uniformes de Wagner à Voronej, une ville située à mi-chemin entre Moscou et Rostov.
Comme c'est le cas depuis quelques mois, l'ancien allié de Poutine donne la plupart de ses ordres via la messagerie Telegram. Dans la nuit de vendredi à samedi, il a posté une série de vidéos dans lesquelles il a demandé à ses hommes de se rebeller contre l'armée russe, tout en se défendant de vouloir mener un coup d'État. Dans l'une de celle-ci, il assure que l'artillerie russe a bombardé certaines de ses positions en Ukraine, ce que l'état-major russe dément.
Ce samedi, il a posté une nouvelle vidéo dans laquelle il se dit prêt à aller jusqu'à la mort. «Nous sommes tous prêts à mourir. Tous les 25.000. Et 25.000 de plus après.» Si on ignore l'endroit où se trouve le chef rebelle, des observateurs estiment que l'une des dernières séquences a été tournée dans le centre de commandement de l'armée russe, à Rostov-sur-le-Don.
Des forces en alerte
À Moscou et dans toutes les autres villes du pays, les forces de sécurité russes sont en alerte. Samedi matin, Vladimir Poutine s'est adressé à la nation pour dénoncer le «coup d'épée dans le dos» de son ancien allié, sans le nommer. Il a reconnu que la situation était incertaine à Rostov et s'est engagé à «punir» les responsables de la «mutinerie». Les médias d'État russes annoncent que des forces de sécurité occupent le quartier général de Wagner, situé à Saint-Pétersbourg.
Avant de se retourner contre l'armée russe, Evgueni Prigojine a multiplié les signes de mécontentement. Ces dernières semaines, il s'en était pris directement au chef d'état-major russe, Valeri Gerassimov et au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, sa principale tête de Turc. Le 5 mai dernier, dans la région de Bakhmout, il se filmait devant un tas de cadavres en haranguant les deux hommes forts de l'armée russe. «Ces gars de Wagner sont morts aujourd'hui, leur sang est encore chaud. Choïgou ! Gerassimov ! Où sont les munitions ?»
La créature de Poutine
Evgueni Prigojine a grandi dans l'ombre de son maître, Vladimir Poutine. D'abord comme propriétaire de restaurants huppés à Saint-Pétersbourg, où le chef du Kremlin accueillait ses hôtes étrangers. Puis comme fournisseur des cantines scolaires et des casernes, et aussi en tant qu'organisateur des banquets du Kremlin. Il y gagne son premier surnom : «le cuisinier de Poutine». Il monte ensuite une usine de trolls destinée à inonder le Web de fausses informations et crée la milice Wagner, devenue un levier d'influence en Afrique.
Dans les premiers mois de la guerre en Ukraine, ses miliciens ont été envoyés en première ligne. Puis il leur a été confié la mission de s'emparer de la ville de Bakhmout, symbole de la résistance ukrainienne. Un objectif atteint après des semaines de combats et au prix de pertes importantes. Un carnage pour une ville en ruines qui aura contribué à créer un fossé entre Prigojine et le Kremlin. Tandis que l'armée russe officielle a repris les positions conquises par Wagner autour de Bakhmout, c'est désormais sur le territoire russe qu'opèrent les hommes du chef rebelle.
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Illustration : Capture d'écran d'une vidéo postée le 24 juin 2023 dans laquelle Evgueni Prigojine dit se trouver au centre de commandement de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don. Il menace directement Vladimir Poutine. © HANDOUT / AFP/Chaîne Telegram Concord Group
