2408 Revue de presse de l'été 26 posts

« Pour ceux qui rêvent de tourner la page du mélenchonisme, le chemin est très étroit »
 
Françoise Fressoz Editorialiste au « Monde »
 
Gare à celui qui osera rompre l’union ! A gauche, ceux qui s’opposent à Jean-Luc Mélenchon ont beau être chaque jour plus nombreux, ils n’ont pas encore trouvé le levier pour desserrer l’étau, estime, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
 
Un après sa création, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ne ressemble à aucune des unions testées dans le passé par la gauche. On ne s’y épanouit pas, on subit. On ne discute pas, on exécute. La conflictualité développée comme principe politique par son fondateur, Jean-Luc Mélenchon, s’applique avec la même rigueur au fonctionnement interne de la coalition qu’au combat externe mené contre ses opposants. L’ambiance forcément s’en ressent.
 
Les écologistes ne rêvent que d’émancipation et menacent de conduire leur propre liste aux élections européennes de juin 2024 ; le Parti socialiste idem, coupé en deux depuis qu’en janvier, le congrès de Marseille a vu s’affronter les opposants à l’alliance avec Jean-Luc Mélenchon et ceux qui y trouvent encore leur intérêt ; au PCF, Fabien Roussel mène un combat déterminé contre l’« insoumis », soldant un vieux contentieux qui remonte à l’échec du Front de gauche en 2016.
 
Au cœur même du réacteur, c’est-à-dire à La France insoumise (LFI), la guerre des clans a démarré entre les purs et durs qui obéissent au doigt et à l’œil au fondateur et ceux qui comme François Ruffin guignent la succession. Chaque jour, l’attelage menace de dérailler sans que la force motrice éprouve le besoin de mettre de l’huile dans les rouages : la radicalité des députés LFI, adeptes de l’obstruction, des coups d’éclat à répétition et de la mise en tension permanente des institutions, fait se tortiller de malaise nombre de leurs partenaires, sans qu’aucun débat sérieux sur la ligne n’ait pu être esquissé.
 
Un puissant totem protège Jean-Luc Mélenchon : l’union. Il est parvenu à l’instaurer à son avantage en mai 2022 lorsque ce qui restait de la gauche plurielle était menacé de disparaître des bancs de l’Assemblée nationale et n’avait d’autre choix que de se mettre sous sa coupe. Depuis, l’« insoumis » veille comme Arpagon sur son trésor en verrouillant l’appareil et en jetant l’opprobre sur tous ceux qui esquissent un pas de côté. « La Nupes est en péril si elle n’est même plus un accord électoral », vient-il de déclarer dans un entretien à 20 Minutes. « S’il n’y a pas d’union aux européennes, il n’y en aura pas non plus aux municipales. Pourquoi y en aurait-il une à la présidentielle ? », prévient-il.
 
Union optiquement efficace
 
L’union est plébiscitée par la base. Elle apparaît comme un puissant antidote au coup de couteau porté par Manuel Valls, qui avait théorisé l’existence de « deux gauches irréconciliables ». L’union procure un intéressant effet de masse parce qu’elle permet de visualiser la tripartition du paysage politique entre gauche mélenchoniste, centre macroniste et droite lepéniste. L’union est optiquement efficace : selon un sondage IFOP-JDD paru à la mi-mai et portant sur les intentions de vote aux élections européennes, une liste unique de la Nupes ferait jeu égal avec celle du Rassemblement national, loin devant celle de Renaissance.
 
L’union n’est cependant pas un gage assuré de victoire. Selon le même sondage, les listes de gauche totaliseraient dix points de plus qu’une liste d’union si chacune des composantes de la Nupes se présentait sous sa propre bannière. C’est le signe que le rassemblement aux conditions de Jean-Luc Mélenchon crée de la déperdition électorale et qu’un espace s’ouvre pour d’autres ambitions.
 
Pour ceux qui rêvent de tourner la page du mélenchonisme, le chemin est cependant très étroit. Ils doivent parvenir à dévitaliser le fondateur de la Nupes sans se départir de ce qu’il a créé : l’union. A LFI, François Ruffin joue le coucou. Il ne conteste pas l’héritage. Il cherche à l’élargir de deux façons : en rassurant la gauche centriste par un style moins clivant et en esquissant une reconquête de l’électorat populaire par un infléchissement du projet.
 
Au Parti socialiste, la plupart de ceux qui animent la fronde anti-Mélenchon – Nicolas Mayer-Rossignol, Michaël Delafosse, Carole Delga, Anne Hidalgo – ne remettent pas en cause l’idée d’une union des gauches englobant les électeurs de La France insoumise. Le souci est identique du côté du communiste Fabien Roussel, qui s’emploie à populariser la résurgence d’un « front populaire ». Pour tous, la difficulté est double : aucun d’entre eux n’a la force suffisante pour ramener à la table des négociations ceux qui ont signé en mai 2022 « le programme partagé de gouvernement de la Nupes ». Aucun n’est incité à s’interroger sur les raisons profondes qui ont conduit feu la gauche plurielle à connaître un véritable désastre électoral en 2017.
 
Camp de la raison
 
La démarche entreprise par Bernard Cazeneuve cherche à contourner cette difficulté. A la tête de La Convention, le mouvement qu’il a créé en mars, l’ancien premier ministre de François Hollande mise sur un sursaut républicain transpartisan pour étouffer les braises du mélenchonisme. De sa tempérance, l’avocat d’affaires veut faire un atout. Endossant l’habit mendésiste, il considère que le camp de la raison mobilisé peut faire pièce au bruit et à la fureur dangereusement déclenchés par Jean-Luc Mélenchon. Tout au long de son discours, samedi 10 juin à Créteil, il a ciblé le « radical-populisme » de l’« insoumis », sa « stratégie de la conflictualité à l’encontre des institutions, de la démocratie représentative, de l’Etat » qui « fabrique du vote RN en quantité industrielle ».
 
Un non-dit important pèse cependant sur son projet : s’agit-il de s’inscrire dans une union classique des gauches ou de récupérer la force politique centrale esquissée depuis six ans par Emmanuel Macron comme antidote aux extrêmes ? L’auteur de Ma vie avec Mauriac (Gallimard, 128 pages, 16 euros) se garde de répondre. D’abord parce qu’il est conscient du tabou que représente dans la gauche française l’idée du recentrage. Ensuite parce qu’il n’est pas maître de la suite des événements : nul n’est en mesure de dire aujourd’hui si le macronisme survivra à son fondateur ni si la gauche dite « de gouvernement » est capable de retrouver suffisamment de vigueur pour être autre chose qu’une force d’appoint. Tant que ces inconnues ne seront pas levées, Jean-Luc Mélenchon aura encore de beaux jours devant lui.
 
Françoise Fressoz (Editorialiste au « Monde »)
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Ancien Maire-Adjoint de Cahors, Pierre Venries est décédé.
 
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François Mitterrand 
"Cheminements"
Le temps qui passe
Est un temps qui meurt
Il est une éternité qui se défait
Il est une mémoire qui s'oublie
Il est une douleur qui s'efface
Il est un amour qui se transforme
Le temps qui passe
Est un temps qui vit
Il est une histoire qui se raconte
Il est une parole qui se transmet
Il est une joie qui se partage
Il est un espoir qui se renouvelle
Le temps qui passe
Est un temps qui nous emporte
Il est une vie qui se consomme
Il est un monde qui se renouvelle
Il est un mystère qui se révèle
Il est un voyage sans retour
Il est une mort qui n'est pas la fin.
Partage Marc Baldy pour toi Pierre
 
 
 


20/06/2023
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