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Nouvelle dissolution : ne jamais dire jamais
Un peu plus d’un an s’est écoulé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, et l’on se demande toujours comment Emmanuel Macron a pu commettre pareille erreur.
Une erreur pour la France d’abord qui, après avoir subi le choc de la pandémie et les effets de bord de la guerre en Ukraine, n’avait pas besoin d’endurer une épreuve supplémentaire. Quand les circonstances commandaient qu’une course contre la montre – ou plutôt contre la dette – s’engage pendant la seconde moitié du quinquennat, il ne se passe rien depuis juin 2024. En l’absence de majorité, le pays est à l’arrêt, et faute d’être résolus, les ennuis de la France sont reportés à plus tard. Ils nous rattraperont…
Une erreur pour lui-même ensuite, et Dieu sait l’importance que le chef de l’Etat accorde à sa personne… Comme Jacques Chirac en 1997 qui aurait dû lui servir d’avertissement, il rejoint le club des "Rantanplan de la politique". Dans les deux cas, les dissolutions décidées malencontreusement à presque trente ans d’intervalle se sont traduites dans les urnes par un référendum contre les présidents "fauteurs de troubles".
Une erreur stratégique enfin, car rien de ce qui justifiait la décision folle de convoquer des élections législatives anticipées ne s’est produit.
Si Emmanuel Macron espérait une "clarification" du paysage politique national, les nuages au-dessus du camp présidentiel n’ont fait que s’épaissir. De majorité relative, on est passé à plus de majorité du tout, et il se pourrait qu’entre autres dégâts, la dissolution soit fatale au macronisme.
Si comme on le prétend, le chef de l’Etat a créé les conditions pour que le RN accède au pouvoir et apparaisse incapable de gouverner avant la présidentielle de 2027, c’était encore un mauvais calcul qui a conduit plutôt au blocage et à l’instabilité que l’on sait.
Emmanuel Macron s’est donc trompé sur toute la ligne, et lui-même l’admet secrètement paraît-il. Quand l’épineux sujet est évoqué en privé, le fossoyeur de "l’ancien monde" convient que c’était mieux avant qu’après la dissolution…
Exception faite du média américain Bloomberg qui a prétendu le contraire, l’idée qu’on ne reprendra pas le président de la République au jeu dangereux du chamboule tout fait aujourd’hui consensus, et c’est heureux puisque l’arme constitutionnelle de la dissolution est à présent rechargée et prête à l’emploi.
À l’exception des Insoumis qui trouveraient là une nouvelle occasion de réclamer l’élection présidentielle anticipée dont rêve Jean-Luc Mélenchon, personne n’y aurait intérêt. Le macronisme, à travers sa représentation parlementaire, ou sortirait considérablement affaibli. Faute d’avoir tranché entre social-démocratie et allégeance à LFI, le PS se lancerait en campagne sans boussole politique. Quant au RN, Marine Le Pen y perdrait l’estrade nationale que lui procure son mandat à l’Assemblée.
L’immobilisme, parce qu’il est sans doute préférable au chaos, a de beaux jours devant lui. Mais en politique comme en toute chose, il ne faut jamais dire "jamais"…