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 «Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de la mondialisation du conflit israélo-arabe»

  • par Jean-Marie Guénois, pour Le Figaro - janvier 202 extraits
 
 
 Le Figaro :Un imam de la Grande Mosquée de Paris, Abdelali Mamoun, a mis en cause, le 14 novembre, la vérité des chiffres de l’antisémitisme en France. Il a été désavoué par le recteur, s’est excusé mais est maintenu dans sa fonction. En quoi cet incident est-il révélateur?
 
Florence Bergeaud-Blackler:
  L’État a d’abord immédiatement répondu par la voix de Gérald Darmanin en publiant les chiffres des faits antisémites. Le recteur a désavoué l’imam Mamoun, lequel est proche des Frères musulmans depuis plusieurs années, et il a aussitôt crié à l’islamophobie alors que ce n’était clairement pas le problème. Les Frères musulmans ont un ADN antisémite. Ils veulent établir un califat et il faut pour cela que les musulmans reprennent les terres de l’«entité sioniste», Israël, qu’ils ne veulent même pas nommer.
 
Cet antisémitisme religieux est difficile à combattre surtout quand les autorités religieuses nient elles-mêmes son existence. On ne peut pas résoudre un problème qu’on refuse de voir. Autre difficulté: certains versets coraniques et certains hadiths attribués au prophète Mahomet sont antisémites - on les retrouve dans la charte du Hamas. Peut-on interdire la prononciation de textes religieux? C’est difficile.
 
En revanche, on peut intervenir sur les discours de haine qui sont tenus au moment où ces versets sont prononcés. La «loi séparatisme» de 2021 a quand même une efficacité de ce point de vue. On le voit par rapport à l’Angleterre, par exemple, où l’on entend des appels très explicites à tuer les Juifs, quand en France c’est plus rare. On se trompe quand on parle de la «rue arabe», ce n’est pas la «rue arabe» qui crie, c’est l’Oumma, la communauté musulmane. En Angleterre ce ne sont pas les Arabes qui sont dehors, ce sont les Indos-Pakistanais, très virulents, comme on l’a vu lors des manifestations contre Salman Rushdie. Ce qui montre que le défi, avant d’être territorial et régional, est profondément religieux et mondialisé.
 
Nous entrons dans une nouvelle ère qui est celle de la mondialisation du conflit israélo-arabe. Et nous voyons sous nos yeux cette «oummatisation» du conflit, dans lequel la terre palestinienne est avant tout le poste avancé des gardiens des lieux saints. Tant qu’on ne comprend pas l’importance de la géographie mentale religieuse, et en particulier frériste, du conflit, on aura peu de chances de le résoudre. Dès le départ, al-Qaradaoui, la référence des Frères musulmans, a encouragé les musulmans d’Occident, riches et cultivés, à soutenir les Palestiniens, il en a fait un devoir religieux pour tout musulman sur terre. Il a assez bien réussi, cela passe par la guerre de communication, la guerre commerciale avec BDS… Les Palestiniens sont désormais le fantasme et l’otage d’une communauté imaginaire mondiale.�
  • Illustration : Florence Bergeaud-Blackler est docteur en anthropologie, chargée de recherche au CNRS (HDR) au groupe «sociétés, religions, laïcité» à l’École pratique des hautes études (EPHE). Elle est l’auteur de Le Frérisme et ses réseaux: l’enquête , Odile Jacob, 2023. @ JEAN LUC BERTINI / Le Figaro Magazine
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15/01/2024
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