la lettre de marcbaldy: ce sont bien les barbouzes qui ont balancé Cahuzac!

Envoyée vendredi 12 avril 2013 à 09:43:16

Un feuilleton de plus en plus rocambolesque... La question du jour hier dans la presse française, c'était qui savait quoi et quand dans l'affaire Cahuzac... C'est une autre question qui est posée dans un magazine suisse : qui a vraiment eu la peau de Jérôme Cahuzac ? Et la réponse de L'Hebdo est du genre surprenante : pas de cabale politique, c'est l'armée française qui a fait tomber l'ex-ministre du Budget.

Il ne manquait qu'un parfum de barbouzerie dans cette affaire. Pourquoi l'armée, parce qu'elle craignait d'être la première victime des coupes budgétaires exigées par Bercy, avec un scénario noir qui prévoyait entre autres la suppression d'une trentaine de régiments et même la vente du Charles-de-Gaulle.

Un scénario qui a semé la consternation chez les militaires piqués au vif. Face à ces missiles nucléaires budgétaires venus de Bercy, la contre-attaque est foudroyante avec une manoeuvre digne d'un manuel des armées.

Une contre-attaque dans les règles de l'art militaire, et en deux temps...

D'abord pilonnage et neutralisation de l'ennemi - Cahuzac. Selon L'Hebdo, repris par La Tribune de Genève, dans la grande tradition des "vieilles méthodes des Renseignements généraux", des éléments des services secrets auraient tuyauté la justice, d'où l'accélération du destin judiciaire de l'ancien ministre.

Les services secrets, instrumentalisés par le lobby militaro-industriel, auraient mis la main sur des informations privilégiées sur le compte de Jérôme Cahuzac, ce qui expliquerait que les autorités genevoises se soient étonnées de la "précision" des informations envoyées par la France pour orienter l'enquête.

Ensuite dans ce scénario, le deuxième temps de la contre-attaque de l'armée française. Les "sources sécuritaires" citées par L'Hebdo sont très claires : absolument rien n'a été laissé au hasard.

Avec ce commentaire d'une gorge profonde française au sein de l'armée interrogée par le magazine suisse : "on ne s'attaque pas impunément à nous. Cahuzac a voulu notre mort. Nous avons eu sa peau". Mission accomplie.

Et ce n'est pas un armistice, c'est une reddition sans condition : selon L'Hebdo, la nomination de Bernard Cazeneuve pour succéder à Jérôme Cahuzac est à comprendre comme un geste en direction de l'armée et de l'industrie militaire, puisque le nouveau ministre du Budget est originaire de Cherbourg, une importante base maritime et un site militaro-industriel. Dans la foulée, le président a aussi repoussé le débat sur la loi de programmation militaire à l'automne. Le temps de panser les plaies.

Et comme l'armée n'oublie pas que sa meilleure arme, c'est la dissuasion, la même gorge profonde au sein de l'armée ajoute encore dans L'Hebdo que d'autres ministres pourraient connaître le même sort que Cahuzac si Hollande continue de vouloir un peu trop tailler dans les budgets militaires.

Le journal suisse ajoute d'ailleurs une précision qui va dans le même sens...

Un certain nombre d'informations seraient gardés au chaud par les services secrets, pour conserver une force de frappe sur les politiques en cas de besoin. C'est ce qui ressort d'un document collectif signé par des officiers de la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, document remis confidentiellement en février au groupe de travail parlementaire sur les exilés fiscaux.

Ce document n'est pas un fantasme : il a été dévoilé par Antoine Peillon le 4 avril dans La Croix qui parlait d'un réquisitoire d'une sévérité inédite. C'est à lire sur la-croix.com Les auteurs de ce texte se livrent à un véritable réquisitoire sur le fonctionnement occulte de la DCRI, le FBI à la française. Ils révèlent la surveillance étroite du renseignement intérieur sur la fraude fiscale, et ils dénoncent la non-transmission à la justice d'un stock d'informations considérables.

Pour résumer, et on est bien au-delà de l'affaire Cahuzac, ce document remis aux parlementaires par des officiers des services secrets conclut que le fonctionnement actuel de leur propre service représente une entrave majeure à la justice en matière de lutte contre la fraude fiscale. Un chantier de plus pour le choc de moralisation voulu par François Hollande. Et un morceau d'anthologie pour "L'Art français de la guerre"...


Retour aux archives
blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion