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. Motions de censure : une pétaudière politique
Son destin était suspendu à un fil. Et, dès demain, le fil devrait être rompu. Michel Barnier serait ainsi le Premier ministre le plus bref de la Ve République. Même pas trois mois complets. C’est un record peu envieux, mais qui donc aurait pu éviter qu’il en soit ainsi ?
Jusqu’ici nous avions l’habitude de prendre à la légère les 130 motions de censure déposées depuis soixante-cinq ans, c’était surtout des postures d’opposition qui n’aboutissaient jamais. En voici désormais une plus historique que les autres puisqu’elle va toucher au but : renverser le gouvernement.
Nous ne sommes peut-être pas au bord du chaos comme le prétendent les plus pessimistes, mais avouons que le régime connaît une crise majeure, la plus « abracadabrantesque » que nous ayons vécue – un scénario pourtant inéluctable qui était inscrit depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et les résultats des dernières élections.
La « clarification » dont rêvait Emmanuel Macron va aujourd’hui accoucher d’une France sans gouvernement et sans nouveau budget, symbole évident d’une instabilité politique qui pourrait être récurrente. Le feuilleton auquel nous avons assisté – avec son lot de menaces et de rebondissements, avec une gauche arrivée en tête des législatives à qui on a refusé toute chance d’accéder au pouvoir, et avec le jeu pervers d’une extrême-droite qui se gonfle d’importance, toute ravie qu’elle est de mener la danse –, ce feuilleton pourrait finir par nous lasser de la politique. La France n’était pas promise à tant d’incohérences – et nos institutions, pensions-nous, nous protégeaient de cette pétaudière où baigne désormais notre démocratie.
Comment s’en sortir ? Cette interrogation, plus grave qu’on ne le croit, se pose en premier lieu au président de la République, garant de l’avenir du pays et jusqu’ici très silencieux.
Au-delà du budget, voici donc des projets de lois sur l’agriculture, l’immigration ou la fin de vie que le gouvernement comptait mener dans quelques mois et qui, malgré l’urgence, risquent d’être suspendus. Voici surtout un vide politique qui s’ajoute aux crises économiques et sociales que nous connaissons, ainsi qu’aux inquiétudes bien compréhensibles des Français.
Avec ou sans Barnier, avec un nouveau Premier ministre qui, de toute façon, serait dépourvu de majorité, est-il encore temps de faire comprendre aux responsables politiques la gravité d’une situation aussi exceptionnelle ? Difficile de l’espérer tant ces responsables de tous bords se sont jusqu’ici montrés plus soucieux d’eux-mêmes que de la France.