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Pour Rachida Dati, une entêtante odeur de roussi
Elle a toujours préféré Sarkozy à Chirac. C’est pourtant une
célèbre formule de ce dernier qui vient à l’esprit quand on
évoque l’actualité de Rachida Dati : « Les emmerdements, ça
vole en escadrille. » Propulsée en janvier 2024 au ministère
de la Culture par Emmanuel Macron qui trouve sans doute en elle une
soeur en disruption, capable de changer de casaque à la vitesse d’une
libellule, la maire du 7e arrondissement de Paris a connu des jours
meilleurs. Mais il en faut plus pour désarçonner cette guerrière à
l’aplomb de béton.
Ses ennuis judiciaires,sa mise en examen pour
corruption ? Elle les balaie d’un revers de
main. Soit parce qu’il y aura prescription, assure-
t-elle, soit parce qu’ils sont montés en
soufflé par une presse de gauche aux ordres
de son irréductible ennemie, Anne Hidalgo, dont
elle veut conquérir le fauteuil en 2026. Sauf qu’aux postes qu’elle a
occupés et qu’elle détient encore, on ne peut glisser sous le tapis des
centaines de milliers d’euros de commissions à l’origine improbable,
qu’auraient versés Renault et GDF-Suez, ou de bijoux qui ne figureraient
pas sur sa déclaration de patrimoine. Attaquer la presse est un
grand classique des partis politiques mais quand on a été garde des
Sceaux, c’est plus difficile d’accuser les magistrats d’arrière-pensées
partisanes. Même si, avec Rachida Dati, tout est possible.
Celle-ci vient surtout de subir deux camouflets qui en disent long sur sa
popularité dans le camp présidentiel. Son projet de fusion du service
public audiovisuel, dont elle fait l’alpha et l’oméga de son mandat ministériel,
vient d’être sèchement retoqué à l’Assemblée nationale grâce
à l’addition des voix de gauche et du groupe lepéniste. Les députés du
bloc central, censés soutenir la ministre, avaient déserté l’hémicycle.
Preuve que, comme le disait Jean-Pierre Raffarin à propos de Ségolène
Royal, Dati « séduit au loin et agace au près ». Cela vaut pour son portefeuille
à la Culture ainsi que pour son obstination à devenir maire de
Paris. Au Sénat, la puissante commission des Lois a récusé le souhait
gouvernemental de modifier le mode de scrutin municipal à Lyon,
Marseille et Paris, vivement encouragé par Rachida Dati qui intimide
peu le placide Palais du Luxembourg.
Seule satisfaction, Rémi Féraud, le poulain d’Anne Hidalgo, a perdu la
primaire socialiste face à sa bête noire, Emmanuel Grégoire. Mais aux
yeux de Dati, c’est l’équivalent d’un bracelet plaqué or.
Éditorial SUD-OUEST Benoît Lasserre