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Logement bouilloire, quand la maison n’est plus un refuge
Logement bouilloire. L’expression a le mérite d’être parlante :
leurs habitants y cuisent à petit feu entre une couche de bitume
et une tranche de béton, le plus souvent dans les quartiers
défavorisés, aux Aubiers à Bordeaux par exemple, où le
record absolu de température a été battu lundi. C’est une réalité, nous
ne sommes pas tous égaux face à la canicule. Selon les données de
l’Ademe, les foyers modestes sont deux fois plus nombreux (37 %) à
déclarer souffrir de la chaleur que les ménages plus favorisés et près de
la moitié des jeunes de 18-24 ans se disent également concernés. Car ils
sont plus nombreux à vivre en ville, dans des petits appartements,
quand ils ont la chance d’en avoir trouvé un. Au mois de juin, la Fondation
pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé-Pierre) a
publié une étude sur la précarité énergétique d’été. C’est elle la première
qui a levé le voile en 2023 sur cette réalité longtemps restée
un angle mort. Dans un logement, on pense d’abord au
confort thermique hivernal, comment ne pas grelotter sous
la couette quand il fait -10 °C dehors, sans imaginer qu’il fera
beaucoup trop chaud sous le soleil quelques mois plus tard.
Si les passoires thermiques ne peuvent
désormais plus être louées ou vendues, les critères des diagnostics
énergétiques ne tiennent pas forcément compte de la situation estivale.
Le rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés estime
qu’un tiers des habitations en France ne protègent pas leurs occupants
de la chaleur en été malgré des DPE (diagnostics de performance
énergétique) A ou B. La mauvaise isolation n’est pas seule en cause,
40 % des logements ne disposent tout simplement pas de protections
solaires extérieures. Autrement dit les consignes de santé publique qui
préconisent de fermer les volets durant la journée pour conserver la
fraîcheur s’avèrent bien inutiles quand on vit dans un appartement
dépourvu de persiennes ou de stores extérieurs déroulants. Suite à ce
rapport, une proposition de loi transpartisane a été déposée le 12 juillet
à l’Assemblée. Le texte prévoit notamment que les locataires pourront
exiger de leurs bailleurs l’installation de volets ou de ventilateurs. Il
préconise également d’interdire les coupures d’électricité toute l’année
et d’inclure une note « confort d’été » dans les diagnostics énergétiques
pour qu’il soit pris en compte lors des rénovations. Reste à savoir quelle
pourrait être la portée de ce texte quand le dispositif MaPrimeRénov’
est suspendu jusqu’à la fin du mois de septembre, victime de son succès.
La proposition de loi ne sera pas examinée avant l’automne. Les
températures auront baissé et les priorités auront sûrement changé.
Stéphanie Lacaze édito Sud-Ouest