EDITORIAL - Les partis politiques français semblent enfermés dans leurs propres préoccupations, indifférents aux crises internationales. Un nombrilisme qui alimente la défiance démocratique, analyse notre éditorialiste Nicolas Domenach.
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L’inquiétant nombrilisme des partis politiques
Nicolas Domenach
Mais il est bon qu’on s’y arrête, car en principe, rappelons-le et rappelons-leur, l’article 4 de la Constitution précise qu’ils « concourent à l’expression du suffrage ». Et donc à l’animation de la vie politique. Les pendules furent donc à l’Elysée remises à l’heure de la fin du monde de l’après-guerre et des conflits qui nous menacent.
Notre parent protecteur d’hier s’est rangé du côté du belliciste, reprenant le narratif poutinien : l’agressé Zelensky est devenu l’agresseur, un « dictateur ». Le président américain Donald Trump fait plus qu’abandonner l’Europe, « il veut la faire exploser » se sont vu expliquer les partis à l’Élysée, où l’on considère que « le néopopulisme a supplanté la défense de la démocratie. Nous ne sommes donc plus en paix. » Il y avait de quoi être réveillé. Du moins pour ceux qui étaient présents.
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Notre démocratie brûle et la droite regarde ailleurs
Alors que le monde est en fusion, deux chefs de partis ont raté le rendez‑vous : Laurent Wauquiez (LR) et Jordan Bardella (RN). Le premier n’a toujours pas perçu qu’il pouvait être de sa responsabilité d’inviter dans le débat intérieur de la droite républicaine cette insécurité internationale qui nous menace. Quant au second, il a cru préférable de se rendre à Washington au congrès des trumpistes les plus extrêmes. Et d’être contraint de renoncer à prendre la parole après le salut fasciste (ou nazi ?) de Steve Bannon.
Ainsi, Jordan Bardella s’est fait piéger par ses propres ambiguïtés qui sont celles de la droite extrême admiratrice de la force. Ce qui lui revient soudain en boomerang. Car les intérêts nationaux des États-Unis sont moins que jamais ceux de la France. Et une excursion sur les sites des partis n’est pas de nature à nous rassurer.
Le sens des priorités
Le RN propose aux nouveaux adhérents de leur envoyer une photo dédicacée de Jordan Bardella. Le PS dévoile en exclusivité « une résolution inédite pour lutter contre les violences sexuelles ». LR consacre sa page d’accueil à l’élection interne programmée pour le mois de mai. Renaissance, tout aussi nombriliste, est focus sur le 6 avril, date prévue pour son meeting de résurrection. Nulle trace du voyage en Ukraine de son secrétaire général, Gabriel Attal, dont un des aïeuls fut assassiné là-bas. Quant aux Ecologistes, leur priorité du moment est de réclamer une constituante. Pathétique inconscience.
Nos partis, hélas, sont devenus des particules en orbite autour d’eux‑mêmes. C’est ainsi qu’ils participent de la déprime démocratique dont ils ne paraissent pas même prendre conscience alors qu’ils se sont vidés de leurs adhérents comme de leur sang. Toujours dans l’article 4, il est précisé qu’ils « doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie ».
