3330-LFI fait un choix clair : devenir un allié zélé de l’islamisme» 1 post

Article de Renée Fregosi
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TRIBUNE - Si la proposition de loi déposée par LFI visant à abroger le délit d’«apologie du terrorisme» a peu de chances d’être examinée, elle est révélatrice de la compromission de la formation de Jean-Luc Mélenchon avec l’islamisme, estime la politologue Renée Fregosi.

«Toujours prompt à dénoncer le racisme “© MARTIN BUREAU / AFP

Renée Fregosi est philosophe et politologue. Dernier ouvrage paru : Cinquante nuances de dictature. Tentations et emprises autoritaires en France et ailleurs (Éditions de l’Aube, 2023).

 

La proposition de loi relative à l’abrogation du délit «d’apologie du terrorisme» déposée le 19 novembre par le député de La France insoumise Ugo Bernalicis a peu de chance d’être adoptée, voire d’être mise à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Toutefois, son objectif premier est atteint : retenir l’attention et présenter LFI comme un grand défenseur des droits de l’Homme. L’exposé des motifs place en effet d’emblée cette proposition sous l’égide morale de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui certes n’hésite pas à condamner la France (une douzaine de fois à ce jour) pour des motifs parfois surréalistes (mais qui a cependant validé l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public, ce que LFI n’a bien sûr pas relevé).

 

Car affirmer que la France est une dictature fait partie de la stratégie de l’extrême gauche depuis belle lurette, le procédé consistant à inverser les rôles. Au nom du multiculturalisme, de la «créolisation», de l’antiracisme, de la lutte contre de ladite «islamophobie» ou contre les prétendues «violences policières», une critique radicale dénonce l’autoritarisme qui sévirait en Occident. Visant l’affaiblissement et, à terme, la chute des démocraties occidentales accusées de tous les maux, cette gauche banalise et conforte au contraire une conception autoritaire, par sa fascination pour la violence «révolutionnaire», sa promotion de la «justice populaire», son soutien à des dictatures comme la Russie, la Chine, la Syrie ou le Venezuela, et sa soumission à ce totalitarisme du troisième type qu’est l’islamisme.

Tandis que les dictatures sévissent férocement au Maghreb, tout particulièrement en Algérie où le régime militaro-musulman vient d’emprisonner arbitrairement l’écrivain laïque Boualem Sansal pour qui on redoute le pire, et au Moyen-Orient où les islamistes de tout poil dictent leur loi, c’est aussi la seule démocratie de la région, Israël, qui est attaquée sans relâche, par les armes sur tous les fronts, par des procédures judiciaires internationales, et par une propagande propalestiniste éhontée tous azimuts.

L’islamisme ne constitue pas «un bloc» comme a pu le faire l’internationale communiste (même si l’Organisation des conférences islamiques est très active et structurée), ni un «axe» comme celui que Hitler constitua autour de son Allemagne. Mais, parvenant à une synthèse sunnite-chiite malgré la concurrence souvent vive entre États théocratiques (Iran/Arabie saoudite notamment), le salafofrérisme tisse et active un vaste réseau de propagandistes, de miliciens et d’assassins de l’Orient à l’Occident. Il représente aujourd’hui une menace globale, avec son projet «total», qui vise à la fois par la force, l’intimidation, la pression, la persuasion et l’influence, à réislamiser les musulmans (ou tous ceux assignés à cette identité supposée) et à islamiser l’ensemble des sociétés non déjà soumises à l’islam.

 

Toujours prompt à dénoncer le racisme «systémique» de l’État français et de prétendus actes islamophobes, LFI ne cesse de manifester son soutien aux thèses islamistes et en accord avec elles, son hostilité à l’égard des Juifs et d’Israël. Dans le défilé du CCIF contre «l’islamophobie» où l’on criait «mort aux Juifs ! », plus récemment à la manifestation du groupe Urgence Palestine aux côtés du prédicateur Elias d’Imzalène appelant à une «intifada en France», ou en promouvant la propagandiste d’origine syrienne Rima Hassan qui qualifie le méga-pogrom génocidaire du 7 octobre 2023 «d’acte de résistance», et dans leurs interventions par centaines, les partisans de LFI affirment toujours plus brutalement leur propalestinisme, cette idéologie instrumentalisant la «cause palestinienne» pour réclamer une «Palestine libre, du Jourdain à la Méditerranée» («From the River to the Sea»), c’est-à-dire la disparition d’Israël.

L’obsession antijuive de LFI est d’ailleurs, semble-t-il, la véritable raison d’être de la proposition de loi sur le délit «d’apologie du terrorisme». L’article 3 vise en effet très directement à annuler «les infractions susceptibles d’être commises en lien avec les attaques terroristes subies par Israël depuis le 7 octobre 2023» prévues par «l’article 421‑2‑5 du Code pénal». Car «antisémitisme» ou «judéophobie», quel que soit le nom qu’on lui donne, la haine des Juifs et d’Israël est consubstantielle à l’islamo gauchisme.

 

Cette haine des Juifs et d’Israël fait converger deux visions «révolutionnaires» du monde : l’une néobolchevique, et l’autre islamiste. Pour les islamistes, les Juifs libérés de leur statut de dhimmis depuis la création d’Israël, doivent être combattus par tous les moyens y compris les plus violents, car il est scandaleux à leurs yeux que les Juifs ne soient pas considérés comme des sous-hommes et possèdent un territoire national. Pour sa part, en rejoignant la forme moderne de la haine des islamistes à l’égard des Juifs, la judéophobie de gauche a réalisé elle aussi une mutation par rapport à ce «socialisme des imbéciles» comme l’appelait en son temps le social-démocrate allemand Bebel, cet antisémitisme qui insistait sur la relation des Juifs et de l’argent, les présentant comme le fer de lance du capitalisme. Adoptant aujourd’hui un style radicalement populiste antioccidentaliste, LFI promeut une haine renouvelée à l’égard d’Israël, considéré désormais comme l’emblème et la pointe avancée de l’Occident honni, comme le «privilégié» des privilégiés, comme le «super-blanc» colonialiste et dominateur. 

 

Mutatis mutandis, face au totalitarisme islamiste, les islamo-complaisants et les foules européennes sidérées par les attentats reproduisent le même type d’attitude irresponsable que leurs aînés face au nazisme. Négation ou sous-évaluation de la menace, minimisation des attaques, compassion et incantations pacifistes bêlantes, voire victimisation des auteurs d’attentats et de massacres ayant prétendument subi les humiliations non plus du traité de Versailles mais de la colonisation, de l’exclusion, de la «stigmatisation». Face à l’offensive islamiste, les dirigeants LFI ont fait pour leur part, un choix stratégique clair, comme les collabos en leur temps : en devenir un allié zélé.

 

C’est ainsi l’histoire de l’Occident sécularisé, sa culture humaniste, ses principes démocratiques qui sont combattus. Car Jean-Luc Mélenchon n’est nullement un héritier de Voltaire ou de Rousseau, encore moins de Diderot ou de Condorcet, et pas davantage des républicains imposant la laïcité sous la Troisième République en bataillant avec les ordres religieux catholiques voulant garder le contrôle sur l’éducation des jeunes esprits et régenter la vie de tous. Les nouvelles «religions séculières» (selon l’expression de Raymond Aron définissant les totalitarismes du XXe siècle) islamogauchistes et islamowokistes s’accordent en fait parfaitement avec tout système de penser de type religieux, en l’occurrence islamique, qui tend à l’orthodoxie, univoque, excluant, et par conséquent oppressif et potentiellement meurtrier s’il n’est pas encadré par des institutions laïques (qui à la fois en limitent les prétentions politiques et permettent à toutes les religions dans leurs interprétations variées, le libre exercice de leurs cultes).

En prétendant défendre les droits de l’homme, LFI renie les principes des Lumières. Et c’est la démocratie elle-même, tant politique que sociale, que menace la gauche soumise à l’hégémonie de LFI, alliée à l’islamisme. L’individu libre (quels que soient son sexe et ses origines) émancipé des dogmes et des conformismes mortifères, est seul à même de choisir de partager toujours plus équitablement pouvoir politique et biens matériels et culturels, et de faire perdurer le débat démocratique et la libre expression. C’est bien cette liberté que LFI combat, comme la combattent depuis toujours tous les autoritaires, les intégristes, les soi-disant détenteurs de la vérité.



26/11/2024
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