Les Républicains ou la tentation du suicide collectif 2 posts

 

L'ÉDITORIAL DE NICOLAS DOMENACH

Les Républicains ou la tentation du suicide collectif

EDITORIAL - Olivier Marleix, le président du groupe LR à l'Assemblée, n'a de cesse de brandir la menace d'une censure contre le gouvernement d'Elisabeth Borne. Pourtant, si de nouvelles législatives devaient être organisées, Les Républicains y perdraient des plumes. Sans pour autant contrer les macronistes...

Olivier Marleix (à gauche), avec le président du parti LR Eric Ciotti (à droite) à l'Assemblée nationale.

Olivier Marleix (à gauche), avec le président du parti LR Eric Ciotti (à droite) à l'Assemblée nationale. Malgré leurs menaces, les députés LR n'ont pas voté pour la motion de censure de la Nupes dans la nuit de vendredi à samedi, dans le cadre du Budget 2024.

JACQUES WITT/SIPA
 

Retenez-moi ou je fais un malheur. Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, menace de censurer le gouvernement depuis plusieurs mois. Récemment, il a récidivé, pour la loi Immigration, mais aussi pour le Budget (sans mettre la menace à exécution dans la nuit de vendredi à samedi), afin de "faire tout exploser". Joindre les voix des parlementaires LR à celles de la gauche, fut-elle extrême, et à celles de l'extrême droite, non moins radicale.

 

Et Marleix d'assurer qu'il ne craint pas de renverser le gouvernement, voire d'affronter de nouvelles élections législatives après une dissolution. Au point d'inquiéter Nicolas Sarkozy qui, convié à déjeuner au palais Bourbon par les députés LR, a rappelé qu'il n'était pas "dans l'ADN de la droite d'ajouter du chaos au chaos". Un député LR abonde: "Nous en sortirions laminés. Ce serait un suicide collectif."

Marleix joue imprudemment avec les allumettes près d'un baril de poudre. Inconscience? Immaturité politique? Les plus expérimentés rappellent pourtant que Jacques Chirac paya très cher une dissolution "de convenance", sans motif sérieux.

 

  

Un calcul funeste

Si une telle aventure était engagée dans un pays fracturé, affecté de crises sociale, identitaire et sanitaire aiguës, l'addition serait salée pour LR, un parti qui se targue de sérieux et de responsabilité.

 

Les pointeurs politiques de tous bords livrent d'ailleurs un pronostic identique: en cas de dissolution, LR devrait perdre au moins la moitié de ses 61 élus. Une vingtaine de sortants rejoindraient illico le camp macroniste. Et, ensemble, ils pourraient faire campagne sur la nécessité d'obtenir une majorité parlementaire cohérente pour gouverner. Nombre de LR se retrouveraient ainsi au tapis, disqualifiés au second tour, qui devrait opposer un candidat de la Nupes reconstituée et un lepéniste porté par l'actualité. C'est d'ailleurs le parti de Marine Le Pen qui sortirait renforcé par un tel chamboule-tout.

Tous les partis ont évidemment effectué ce calcul, funeste pour LR. La question est donc de savoir pourquoi Marleix, et parfois même le président du Sénat Gérard Larcher, se laissent aller à de telles tartarinades? Sans doute la vie parlementaire est-elle théâtre, et une majorité relative pour Emmanuel Macron conduit à une redistribution des rôles où le faible se fait passer pour fort. LR veut croire qu'il détient les clés des votes. Mais plus de 80% des lois ont déjà été votées avec son concours, ce qui rend encore plus incompréhensible cette menace. Comme si ces élus LR n'étaient pas les héritiers d'un mouvement gaulliste censé privilégier le bien commun, l'intérêt national.

 

De l'échec d'une coalition

On pourrait aussi voir dans cette parade agitée une démonstration d'impuissance pathétique. Celle d'un mouvement politique viriliste qui s'étiole de n'avoir plus de chef depuis Sarkozy, ni d'idées puisqu'elles lui ont été volées par Emmanuel Macron en même temps que ses électeurs. En votant la censure, ces enfants perdus de la droite se censureraient eux-mêmes.

 

Leur vrai défi eut été d'imposer une coalition à un président dans l'impossibilité de se représenter. Mais ces Tartarins se contentent du vacarme de l'impuissance. Sans doute doivent-ils se punir d'avoir gaspillé un héritage prestigieux. Souvent les héritiers qui ont grandi dans la richesse ne savent forger leur volonté.



05/10/2023
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