2310- *L’émotion de censure* Revue de presse 12 posts
*L’émotion de censure*
Donner raison à Sandrine Rousseau… On imagine que, pour Emmanuel Macron, la décision d’annuler la venue du roi Charles III (lire page 9), pourtant inévitable et raisonnable, n’a pas dû être facile à prendre tant elle permettait à ladéputée écologiste de Paris d’exulter sur les réseaux sociaux, là où il est le plus fréquent de la croiser.Membre du même parti et pas moins opposé qu’elle à la réforme des retraites, Pierre Hurmic s’est en revanche déclaré déçu du report de la visite du souverain britannique, tout en précisant que la mairie de Bordeaux n’avait pas son mot à dire et se contentait d’accueillir en ami Charles III. On peut y voir une nouvelle preuve de la différence entre l’écologie immature d’élus qui ne font que discourir et celle, plus pragmatique, de responsables qui dirigent une collectivité et plongent les mains dans la farine, bio évidemment.
Est-ce Pierre Hurmic qui était visé dans l’incendie qui, jeudi soir, a endommagé la porte du palais Rohan ? L’enquête est en cours (lire page 11) et on souhaite que les coupables soient rapidement confondus et condamnés. On peut quand
même s’étonner que des individus aient pu, presque aussi tranquillement qu’un feu de cheminée chez soi, entasser des cagettes et les enflammer sans que personne n’intervienne.
Les incidents qui ont émaillé les manifestations de jeudi à Bordeaux, comme dans d’autres grandes villes, ont permis de confirmer une autre puérilité, celle de l’extrême gauche incarnée par Philippe Poutou, élu municipal rappelons-le, qui a écrit sur son compte Twitter : « Ça pète, ça brûle, c’est mérité », vieux couplet de la violence légitime du peuple contre la violence d’État, souvent entonné par des gens qui ne pèsent rien dans les urnes (score de Philippe Poutou le 10 avril 2022 : 0,77 %).
On attend la réaction du porte-parole d’un parti en pleine guérilla d’excommunications, s’il se confirme que le feu a été allumé par des militants d’extrême droite, comme si l’extrémisme auquel on adhère rendait la violence plus justifiable. Dénoncer l’entêtement du chef de l’État à vouloir promulguer son impopulaire réforme est un droit, protégé par nos institutions démocratiques. S’en prendre aux symboles de notre République, comme une sous-préfecture ou une mairie, et de notre liberté, comme un kiosque, est un délit pénal.
Disons-le aussi, notre République et notre démocratie ne se porteraient que mieux si elles n’étaient pas éclaboussées par les dérapages, certes minoritaires, de policiers qui, s’abritant derrière leur étoile de shérif, jettent le discrédit sur une profession dont seuls des manifestants au cerveau lavé prétendent que tous les Français la détestent. En tout cas, s’il y avait eu des forces de l’ordre devant le palais Rohan, sa porte serait indemne.