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����� Leçons d’un été renversant
  • par Étienne Gernelle, pour Le Point - août 2024
Finie la trêve estivale, retour au jeu politique ! En espérant que le sens de l’effort qui a animé les JO inspire la nouvelle Assemblée… et le futur Premier ministre.
 
Comment va la France ? Le pays est parti en vacances dans un état de nerfs très avancé, s'est offert un bain de jouvence olympique, et semble sur le point – en attendant les Jeux paralympiques, qui s'annoncent du même acabit – de repartir dans sa spectaculaire spirale de bouffonnerie politique.
Où cela finira-t-il ? «Oh, tu ne manqueras pas d'arriver quelque part, si tu marches assez longtemps», disait le Chat de Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles. Il faudra donc attendre un peu pour savoir de quel côté bascule la France.
 
«Tube de l'été»
 
Curieuse rentrée où tout le monde cherche un Premier ministre et pas grand monde s'interroge sur la voie – étroite – à suivre pour ne pas entrer la tête la première dans le mur de la dette. Étonnante fin d'été où le débat tourne autour de la revendication du pouvoir par un NFP dominé (au moins psychologiquement) par LFI, alors qu'à l'évidence personne n'a de majorité à l'Assemblée nationale. De toute façon, la démocratie, pour ce parti dont le leader n'est pas élu, est un concept à part entière. Il faut se rendre compte : Jean-Luc Mélenchon accuse dans son blog Emmanuel Macron de commettre un «coup de force contre la démocratie républicaine» parce qu'il ne lui cède pas le pouvoir, mais ne pipe mot sur le véritable coup d'État de son ami Nicolas Maduro au Venezuela, assorti d'une féroce répression de l'opposition. Et que dire de la participation de Rima Hassan à une manifestation, à Amman, sous des pancartes rendant hommage à Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué récemment à Téhéran… Qui peut encore s'associer à ces gens-là ?
 
La campagne de Lucie Castets pour Matignon pourrait bien connaître le sort d'un «tube de l'été» : un air qui passe en boucle sur les plages et que tout le monde oublie instantanément à la rentrée. La suite ? Impossible à deviner. La seule certitude est qu'avec le recul la dissolution était encore plus absurde qu'on ne le pensait : forger des alliances avec l'Assemblée précédente aurait été bien plus facile, surtout avec la dynamique olympique. Quelle bêtise…
 
Sérieux et ferveur
 
En attendant, essayons de tirer quelques leçons d'un été renversant. Les Jeux olympiques, à rebours d'une critique récurrente et facile – «du pain et des jeux» – ont été une parenthèse de sérieux dans un pays où la folie paraît souvent l'emporter. L'organisation, sous la houlette de l'incroyable Tony Estanguet, a été le fruit d'une ambition extrême, d'une grande intelligence, et d'une ténacité sans faille. Soit l'inverse exact du renoncement rabougriste, de la médiocrité et de la pusillanimité si bien représentés dans la nouvelle Assemblée nationale.
On ne peut certes pas dire que les politiques en place ne sont pour rien dans ce succès : François Hollande, à l'origine de la candidature de Paris, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo comme Karim Bouamrane, le talentueux et iconoclaste maire de Saint-Ouen, et quelques autres, doivent en être crédités. Que cela serve, aussi, de référence pour juger de leurs actions futures…
 
Les JO ne nous ont pas appris que cela. À palper la ferveur du pays durant ces deux semaines, on se dit que la déprime n'est pas son horizon indépassable. À écouter les récits des médaillés français, dont les rythmes d'entraînement sont objectivement infernaux, on se dit que le fameux «droit à la paresse» brandi par Sandrine Rousseau n'est pas forcément ce qui fait gagner dans la vie. Et l'on déduit de tout cela que le sens de l'effort et le goût de la compétition ne rebutent pas tant les Français qu'on l'a dit. Des leçons à retenir bien au-delà de ce bel intermède et à mettre en regard de cette réflexion de Georges Clemenceau, qui savait réconcilier les contraires – il était républicain et vendéen ! – dans Au soir de la pensée (1927) : «La démocratie, longtemps suprême espoir des peuples en mal de gouvernement, a déjà suscité, par son incoercible paresse et le trop manifeste amoindrissement des caractères, les réactions violentes des soviets et du fascisme, sans parler de ce qui peut être en voie de préparation.» Bonne rentrée !�
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07/09/2024
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