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Le Proche-Orient aux portes de l’embrasement
Habitué aux équilibres précaires et aux lendemains sans
certitudes, le Proche-Orient est, une fois encore, au bord du
précipice. Et à la merci d’un nouveau déluge de feu et de
plomb. L’élimination, mardi dernier près de Beyrouth, du
chef militaire du Hezbollah libanais par Israël, puis celle, quelques
heures plus tard, du chef politique du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh,
tué, lui, en Iran, en plein Téhéran, ont tout de ces points de bascule
capables de faire déraper l’Histoire. Si la mort d’Haniyeh n’a pas
été revendiquée, ce n’est pas un secret qu’il figurait en bonne place sur
la liste noire de l’État hébreu, celui-ci ayant fait le serment de supprimer
tous les dirigeants du Hamas pour les massacres du 7 octobre.
Ces dernières heures, devant la perspective des représailles annoncées
de l’Iran et de ses alliés, les ressortissants étrangers ont été appelés à
quitter le Liban. Les États-Unis, alliés numéro un d’Israël, ont
annoncé, eux, renforcer leurs moyens militaires dans la zone.
On ne peut que le déplorer : une mécanique du pire s’est enclenchée.
Et il y a tout lieu de la redouter.
En avril, Téhéran n’avait pas hésité à tirer plus de 300 missiles
et drones sur Israël. Il s’agissait alors de laver l’affront
de l’attaque contre son ambassade à Damas, en Syrie.
Certes, 99 % des projectiles lancés avaient été interceptés par les défenses
israéliennes et les moyens des États-Unis, de la France, du
Royaume-Uni et de la Jordanie. Mais l’Iran, malgré ce coup d’épée dans
l’eau, avait pu sauver les apparences. Or, l’élimination d’Ismaïl Haniyeh
sur son sol est une humiliation autrement plus sévère pour ce régime
des mollahs qui ne tient plus sa population qu’à travers une main de fer.
En perpétrant les massacres du 7 octobre, les terroristes du Hamas
espéraient une réponse féroce d’Israël afin d’entraîner les autres pays
de la région dans cette guerre. De vengeance en vengeance, ce funeste
dessein pourrait finir par se réaliser. Or, le Liban, d’où opère le Hezbollah
au sud, est un pays exsangue, quand la bande de Gaza, sous le feu de
Tsahal depuis dix mois, n’est, elle, plus qu’un champ de ruines où le
Hamas détient encore une centaine d’otages israéliens.
Que la situation dégénère et c’est toute une région qui pourrait basculer
dans le chaos.
Alors que s’accumulent les haines et le sang versé ; alors que la politique
jusqu’au-boutiste de Benyamin Netanyahou est loin de faire
l’unanimité en Israël, il est urgent de retrouver le chemin de la négociation,
sous peine d’assister à l’embrasement d’une redoutable poudrière.
Jefferson Desport éditorial Sud-Ouest