- À l'approche des élections européennes, le parti des médias commente, avec un rare synchronisme, l'évolution des différentes écuries. Depuis la pré-campagne du candidat Glucksmann offerte par les médias publics et les médias de gauche (avant même qu'il ne soit candidat officiel afin de ne pas avoir à décompter ses temps de parole), les journalistes manquent de superlatifs pour décrire son ascension dans les sondages : il "aspire des électeurs de Mélenchon et de Macron grâce à ces sujets" titre le Huffington Post, "Faut-il parler de Glucksmania ?" interroge BFTM TV avec un Bruno Jeudy qui ne tarit pas d'éloges sur le candidat socialiste. Sur France Inter, on a parfaitement planifié sa campagne médiatique avec un double entretien Bardella - Glucksmann en ligne avec la stratégie du candidat PS (qui demandait à être placé face au leader des sondages).

Quant à Franc-Tireur, la Une laudative pour l'ami "Glucks" fait écho à un entretien du même acabit (pas une question dérangeante ou soulignant le passif du candidat). Dans le même temps, les commentateurs politiques s'essaient à une bouillie analytique mélangeant réforme de l'assurance chômage, colère des agriculteurs ou encore déficit budgétaire pour expliquer les difficultés de la candidate Hayer.

Les éditorialistes, sourire aux lèvres et regard brillant de satisfaction, se repaissent des "mauvais sondages de la macronie" ; chacun(e) y va de son explication, toujours différente et rarement structurée, pour éclairer le phénomène. Bien sûr, il ne s'agit aucunement d'égratigner la formidable dynamique de l'extrême droite ; le candidat Bardella continuant de bénéficier d'un bouclier médiatique sans faille. "Il sait parler aux jeunes sur Tik Tok" souligne Bruno Jeudy tandis qu'il "fait un carton à droite" certifie Le Point (dont la ligne droitière gagne chaque semaine en populisme). Quant au Figaro, il lui ouvre ses colonnes avec une constance qui force le respect, il ne s'agirait pas de s'aliéner celui qui pourrait prochainement incarner "l'union des droites".

Ce duel Bardella-Glücksmann sur france-inter, une arnaque politico-médiatique On pouvait s'y attendre: la tête de liste du Rassemblement National qui avait refusé tous les débats, au point de se faire remplacer par Thierry Mariani, a considéré que France-Inter lui offrait les conditions idéales pour taper sur la "Macronie" à son aise, avec un sparring partner choisi par ses soins, le candidat du PS. Un duel à Fleurets mouchetés? Il ne faut pas s'étonner d'une telle arnaque politico-médiatique, car si Jordan Bardella a accepté de débattre avec Raphaël Glücksmann, ce matin, à 8h20 sur France-Inter, c'est dans un duel qui promet d'être à fleurets mouchetés. Un objectif commun, affaiblir la Macronie Tous deux ont le même et unique objectif, partagé d'ailleurs par la radio de service public: faire monter la tête de liste du Parti Socialiste dans les sondages pour affaiblir d'autant la liste de Valérie Hayer. Et renvoyer cette dernière en 3e position, ce qui serait une humiliation pour Emmanuel Macron et ses alliés de la majorité.

 

Léa Salamé dans les coulisses? Et Léa Salamé, me direz-vous? On nous affirme qu'elle se met en retrait pendant la durée de ce débat mais, à sa place, n'importe quelle "femme puissante" dans son métier et à la maison, s'installerait dans les coulisses de la radio, de l'autre côté du studio, pour encourager son homme et lui donner des conseils de pro de la communication politique. Pièges médiatiques Bref, on va suivre cet échange entre le candidat d'extrême-droite et son homologue de la gauche d'opposition avec le recul nécessaire pour éviter les pièges médiatiques qu'ils ne manqueront pas de tendre, dans une alliance contre nature, à leur adversaire commune, Valérie Hayer. Moche et malsain C'est d'autant plus moche et malsain que, comme l'a répété à maintes reprises la tête de liste de la majorité, Raphaël Glücksmann vote à 90% avec Renews et que ce sont les 10% restants qui posent problème: cette allégeance (un peu cachée mais toujours avérée) à Jean-Luc Mélenchon pour des raisons de politicaille nationale.