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Le pari risqué de Macron avec la Palestine
Personne n’a oublié le spectaculaire coup de gueule de Jacques
Chirac, le 22 octobre 1996, à Jérusalem. Franchement énervé
par l’attitude des policiers israéliens, le président français
avait explosé et, dans un anglais approximatif, menacé de
rejoindre son avion, direction Paris. L’incident lui avait valu le respect
des autorités palestiniennes.
Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable, notamment parce
qu’Emmanuel Macron parle mieux l’anglais que Jacques Chirac. Et
surtout parce que la déclaration de l’actuel président sur la reconnaissance
par la France d’un État palestinien en septembre se déroule dans
un contexte d’épouvante et de tragédie.
Il y a eu le pogrom antisémite du 7 octobre 2023, perpétré par les terroristes
du Hamas. Il y a depuis l’incessante offensive du gouvernement
Netanyahou qui ne se satisfait pas d’avoir éliminé les cerveaux
de cette opération et ceux du Hezbollah au Liban ainsi que
leurs funestes parrains à Téhéran.
Emporté dans sa soif de vengeance, sourd aux appels de
la communauté internationale mais soutenu par l’administration
Trump et électoralement captif de l’extrême droite la plus criminelle,
le Premier ministre israélien ne voit plus qui il tue.
Ce sont désormais des enfants qu’il affame, et il est impossible de rester
indifférent à ces corps décharnés qui rappellent le drame du Biafra
entre 1967 et 1970. Mais c’est d’abord à la société israélienne de se rebeller,
au nom des valeurs que porta si haut Yitzhak Rabin. Si haut qu’il y
perdit la vie, assassiné par ceux qui préparaient le terrain à Netanyahou.
Qu’il y ait chez Emmanuel Macron la volonté légèrement narcissique
d’être le premier pays du G7 à reconnaître un État palestinien, c’est
possible. Mais rester immobile équivaudrait à de la non-assistance à
peuple en danger. Faute de remonter dans son avion, le président de la
République qui, rappelons-le, n’a pas varié dans son soutien au droit
d’Israël de se défendre, s’apprête à effectuer un geste diplomatique,
plus symbolique qu’efficace.
Bien avant que débute la démolition méthodique de Gaza, la population
palestinienne subsiste dans un chaos total, victime de l’inimitié
irréductible que se vouent le Fatah et le Hamas, pas près d’enterrer la
hache de guerre. Si l’objectif de Paris est d’isoler Netanyahou pour le
contraindre à négocier, l’effet boomerang n’est pas à écarter et c’est
Macron lui-même qui pourrait se retrouver bien seul en Europe.
Benoît Lasserre éditorial Sud-Ouest