Médias Citoyens
LE MONDE, LA GRANDE DÉRIVE ÉDITORIALE -
L’affaire du « mur de Gaza », mise au jour par l’enquête du Figaro et montrant un placardage militant pro-palestinien au sein même du service « Société », a beaucoup interpellé dans les cercles journalistiques jusqu’aux abonnés du journal. Comment la direction du Monde a-t-elle pu tolérer un tel parti-pris sans intervenir ? Pourquoi un climat de tension, de malaise et d’omerta s’est-il progressivement immiscé au sein des rédactions ? Étudions les pistes qui peuvent expliquer cette évolution du « journal de référence » vers une presse d’opinion reprenant, parfois, les méthodes des tabloïds anglo-saxons.
QUAND LE VERNIS CRAQUELLE...
Dans l’enquête du Figaro, l’un des témoignages relatés a retenu notre attention. Il émane d’un cadre de la rédaction du Monde qui se confie à la journaliste Eugénie Bastié : « C’est un journal où les gens sont persuadés de ne pas avoir de corps, qui se prétend neutre. Donc quand ça explose, c’est dix fois plus violent ». Cette confession rejoint nombre de nos analyses concernant la ligne éditoriale de ce journal qui parait, fréquemment, obéir à une neutralité forcée, à une impartialité de façade. Le travail de Médias Citoyens consiste, notamment, à identifier les manifestations qui échappent au contrôle de la rédaction. Ainsi, lapsus éditoriaux et dérapages sémantiques nous renseignent sur les intentions cachées qui s’expriment à l’insu des journalistes. C’est précisément ce qui se produit le 29 septembre dernier où nous écrivons : « Le journal Le Monde publie une biographie de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah tué par une frappe israélienne à Beyrouth. Dans les dates clés de sa vie figure celle de la mort de son fils ainé Hadi avec la mention "mort en martyr". Cette expression est souvent utilisée dans les hadiths (recueil des actes et paroles de Mahomet) et dans la charia pour désigner « la mort dans le chemin d'Allah », il ne peut en aucun cas être repris, in extenso, par un journal non partisan sans explication contextuelle ». De la même manière, Médias Citoyens a très tôt alerté sur le problème déontologique que représentait l’activisme pro-hamas de la compagne du rédacteur en chef adjoint pour l’étranger. Le 28 janvier 2024, dans un post intitulé « Au Monde, l’indignation à géométrie variable », nous écrivons : « Le fait que le Rédacteur en chef adjoint pour l’étranger soit en couple avec une activiste pro-palestinienne connue pour son antisémitisme et qui s'est notamment réjouie des massacres du Hamas (le 08/10/2023) ne semble déranger personne au sein de la rédaction du Monde (...) Par contre, il suffit que la cheffe du service politique flirte avec un conseiller du Premier ministre [Gabriel Attal] pour créer "des remous en interne" jusqu'à convoquer en urgence une réunion du comité d’éthique et la contraindre à démissionner de son poste. » Pour justifier ce « 2 poids 2 mesures », la directrice des rédactions s’est fendue, dans l’émission Soft power de France Culture, d’un commentaire lapidaire:« On ne va pas faire la police des tweets des conjoints ».
DE LA HAINE AUX PULSIONS MEURTRIÈRES
Le 15 septembre 2024, la même directrice concède dans l’émission de France Culture : « La fonction présidentielle d’Emmanuel Macron ne correspond pas aux valeurs de la rédaction ». Rappelons que l’intéressée, Caroline Monnot, a longtemps milité pour le groupuscule d’ultra-gauche nommé « Alternative Libertaire » qui prônait la destruction de l’État français pour le remplacer par un régime de type « égalitaire ». Rappelons également que lors de sa nomination à ce poste prestigieux, une partie de la rédaction du Monde connaissait son passé sulfureux (comme nous le révélions le 07 janvier 2024). Par écho à cette violence factieuse mise sous silence, on retrouve la notion de « quand ça explose, c’est dix fois plus violent » dans le traitement éditorial des crises sociales et/ou politiques par « le journal de référence ». Comme si se trouvait libéré - durant ces phases de fortes tensions - les pulsions habituellement réprimées par la rédaction. Le 23 juin 2024, Le Monde met en Une un article intitulé "Législatives 2024 - À Boulogne sur mer, « les gens ont envie de foutre en l’air Macron »", relayant ainsi des pulsions meurtrières formulées - à l’encontre du chef de l’État - par un individu interrogé via un micro-trottoir. Suite à notre post d’alerte, le titre sera rapidement modifié. Difficile néanmoins, de ne pas y percevoir la marque d’un « retour du refoulé » tant cette dimension symptomatique se répète au fil du temps. Durant la période des gilets jaunes (fin 2017 - début 2018), cette même rédaction a relayé - souvent avec complaisance - de nombreux témoignages ultra-violents dirigés contre le chef de l’État notamment dans le cadre de « Live » où les paroles les plus extrêmes se trouvaient recueillies par les journalistes dépêchés sur place. Lors de cette séquence, le magazine M du Monde a d’ailleurs choisi de mettre en Une le chef de l’État grimé en dictateur des années 30 ; le montage s’inspirait - quasiment à l’identique - d’une affiche de propagande du régime nazi autour de la figure d’Adolf Hitler. Au fil des années, les attaques contre l’ancien « banquier de Rothschild » (expression non dénuée d’antisémitisme) auront pris un caractère toujours plus violent, obsessionnel. Certaines journalistes du service politique s’étant même spécialisée dans ce « Macron bashing ». Tour à tour, le chef de l’État aura été dépeint sous leur plume en figure autoritaire, tyrannique, sadique, isolé dans son palais, perfide, odieux, incontrôlable, manipulateur, froid, cynique, cassant, dénué de sentiments puis - dernièrement - en « pervers narcissique », raciste et homophobe. À aucun moment, ces dérapages n’auront fait l’objet de la moindre remontrance, du moindre recadrage de la part de la direction du Monde. Au contraire, cette déliquescence éditoriale - digne d’une presse populiste et racoleuse - aura été encouragée par les 3 directeurs (Fenoglio, Monnot et Dreyfus) autour de motivations économiques aussi bien qu’idéologiques.
DES MÉTHODES DE TABLOÏDS
On observe, depuis plusieurs années, un accroissement du nombre d’articles qui utilisent les méthodes des tabloïds anglo-saxons. Nous ne pouvons pas tous les analyser en détail car ils sont trop nombreux mais voici ce que nous écrivions, sur le sujet, le 04 juillet 2024 : « Dans l'un des articles romancés dont la rédaction du Monde a le secret - cette fois intitulé "À l’Elysée, crépuscule, regrets et arrière-pensées" - la journaliste Solenn de Royer nous gratifie de quelques perles mêlant dialogues inventés (à moins de disposer de micros dissimulés dans toutes les pièces de l'Élysée), insinuations et biais malveillants ». Nous avons comptabilisé, pour la seule année 2024, une soixantaine d’articles qui ont recours à ce journalisme de l’insinuation. S’y mélangent - pêle-mêle - des rumeurs, ragots, portraits au vitriol façon Frédéric Dard (le talent en moins), descriptions imaginaires dans le style des romans de gare (où l’on croise des personnages sulfureux et peu recommandables, bruits de couloir, déclarations malveillantes d’anonymes) et, bien entendu, des déclarations tonitruantes attribuées au chef de l’État. Sous le feu des critiques depuis la publication de l’enquête du Figaro, la rédaction du Monde a publié une nouvelle série de ces portraits - façon cabale contre « le locataire de l’Élysée » - dont une partie des contenus interroge. Et notamment cette phrase qu’aurait prononcé le président de la République sur l’hôpital public en présence d’Aurélien Rousseau : « Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou ». Tandis que l’Élysée dément formellement, l’ancien ministre de la santé - passé dans l’opposition de gauche - ne les confirme pas non plus. Pressées de répondre aux conditions dans lesquelles cette « indiscrétion » aurait été obtenue, les 3 journalistes du service politique ont préféré se murer dans le silence. Ce n’est pas la première fois que des doutes se font jour sur les méthodes utilisées certain(e)s journalistes du service politique du Monde pour obtenir des confessions « off » tandis que ces personnes n’ont plus accès - depuis des années - à l’intimité de l’Élysée.
UNE RADICALITÉ MAL ASSUMÉE
Au-delà de ces pratiques « borderline » où l’on peine à distinguer la réalité, l’imagination féconde de l’auteur et les bobards malveillants, la ligne éditoriale du Monde oscille entre une franche aversion pour l’État, un rejet manifeste (et puérile) de l'autorité, un anti-libéralisme d'ambiance un et soutien aux contestataires de tous bords ; ce que le journaliste Frédéric Martel (France Culture) résume ainsi : « une ligne anar, punk et hippie ». Longtemps proche des thèses sur la « violence systémique » de la Police (les mêmes que celles portées par LFI) et complaisante envers les mouvements les plus violents (gilets jaunes, black-blocs, agriculteurs en colère), la rédaction se targue pourtant de suivre les préceptes du fondateur Hubert Beuve-Méry (exigence de rigueur, modération, suffisante impartialité). Les abonnés, eux, ne sont pas dupes et beaucoup dénoncent - dans les commentaires des articles - une inclinaison militante devenue prévisible, caricaturale. Dans le traitement éditorial de l’économie, de la politique intérieure, de l’écologie ou de l’éducation, les dérives militantes se comptent par dizaines chaque mois (émanant de journalistes très marqués politiquement). Nous ne reviendrons pas sur celles-ci que nous épinglons régulièrement dans nos posts. En outre, la vision ethnocentrique « bobo-parisienne-NFP » s’y trouve privilégiée dans l’esprit de ce que l’on peut entendre sur les ondes de France Inter ; avec une même impression d’entre-soi tandis que le pluralisme des opinions se trouve - le plus souvent - foulé aux pieds. Ne parlons même pas des centaines de tribunes qui relaient, à 80 ou 90%, les discours d’experts orientés sur le plan idéologique (à gauche ou à l’extrême gauche). Lorsqu’un abonné interroge Le Monde sur les raisons qui amènent le média à durcir sa ligne éditoriale et à tendre vers les gauches radicales, il se voit répondre ceci : "Ce que je constate en tant que directeur délégué chargé des relations avec les lecteurs, c’est qu’une partie du lectorat du Monde s’est droitisée, tout comme l’ensemble de la société. Alors que j’aurais plutôt tendance à penser que Le Monde est resté fidèle à son socle de valeurs, ce qui peut conduire certains à considérer qu’il s’est gauchisé. Tout dépend donc du point de vue : est-ce le bateau qui bouge ou bien le paysage ?" (Janvier 2024, Chat avec les abonnés).