2796-Revue de presse. 20 posts

 
 
 
 
LE JOURNALISME DE GAUCHE EST-IL EN PERDITION ?
 
- L’alliance politique des partis de gauche a fait long feu. Née aux forceps mélenchonistes et censée surpasser « la Gauche plurielle » de Lionel Jospin, cette NUPES à dominante insoumise a surtout mis en exergue l’état de faiblesse voire de délitement du "camp du bien". En écho à ce rapide fiasco, on peut s’interroger sur un journalisme de gauche qui parait, lui aussi, éprouver les pires difficultés pour penser le monde tel qu’il est...
 
LA COLÈRE CONTRE L’AUTORITÉ
 
Durant l’adolescence, il est tout à fait sain de pouvoir critiquer l’autorité, de la remettre en question quitte parfois à s’en soustraire. À l’âge adulte, la notion d’autorité est censée avoir été intégrée sans qu’il soit nécessaire d’en (ré)expliquer - quotidiennement - l'utilité, les vertus. Les médias de gauche français (Mediapart, Libé, Le Monde, une bonne partie de Radio France, de France Télévisions...) semblent pourtant éprouver les pires difficultés à accéder cette suffisante raison. La colère couve contre cette autorité qui serait exercée de façon injuste, contre ce « régime illibéral » qui ne dirait pas son nom, contre un ministre de l’intérieur honni quelle que soit son étiquette politique ou la réalité de son action.
 
L’ÉTAT ACCUSÉ DE TOUS LES MAUX
 
De manière corrélée, on observe un phénomène typiquement français qui consiste à accuser l’État de tous les maux. Il est toujours trop (trop de surveillance, trop d’exigences administratives, trop de gabegies) ou pas assez (pas assez protecteur, pas assez présent, pas assez à l’écoute). Un ancien journal de référence a même fait du grief envers l’État l’essentiel de sa ligne éditoriale ; et cela fonctionne ! En même temps, hurler avec les loups-populistes que rien ne va jamais en caricaturant le réel, cela ne mange pas de pain et fera toujours écho auprès d’un public fourni. Bien sûr, on pourrait souligner le manque d’esprit de responsabilité voire la démission républicaine que ces postures traduisent mais ces dimensions ne semblent plus guère avoir de prise sur les rédactions concernées.
 
L'ANTICAPITALISME RAMPANT
 
Évacuons le lourd passif révolutionnaire de la directrice (des rédactions) du Monde pour nous concentrer sur la ligne actuelle de ce média. Pas une semaine ne passe sans que des tribunes, reportages ou articles d’éditorialistes ne fassent la nique - sur ce média - au « libéralisme destructeur », aux « ravages du capitalisme » ou encore à « la fin d’un modèle inepte ». À l’inverse, la vie communautaire et autarcique - qui ressemble furieusement aux expériences du Larzac ou de katmandou revisitées par des bobos parisiens en recherche d’expériences « alternatives » - font l’objet d’une ribambelle de contenus enamourés. Sur France Info, l’anticapitalisme prend des chemins de traverse via une omniprésence à l’antenne d’associations, ONG et autres officines d’extrême gauche dont le rêve commun consiste à démanteler « le libéralisme incarné par Macron et sa bande ».
 
L’ÉCOLOGIE RADICALE SINON RIEN
 
Au sein des médias de gauche, on peut considérer qu’il y a consensus autour de la question écologique ; celle-ci ne semble pouvoir s’envisager autrement qu’au travers d’une radicalité aux accents factieux. De la terre au Carré à CO2 mon amour (France Inter) en passant par Sur le front (France 5), le pluralisme se trouve annihilé au profit d’une gauche prosélyte-écolo-bobo-contestataire. Ces programmes récurrents sont complétés par l’omniprésence de militants, activistes et autres idéologues invités, du matin au soir, dans de nombreuses émissions des médias publics. Pendant ce temps, de Libération au Monde en passant par une kyrielle de sites « engagés », des journalistes militants confondent sans vergogne rigueur scientifique et prosélytisme.
 
LE BESOIN D’UN SAUVEUR
 
Persuadés de vivre dans une société injuste et maltraitante, les médias de gauche rêvent d’un sauveur qui transformera le pays en idylle égalitaire. Pris dans une logique dépressive où le pathos envahit le quotidien, nos tristes lurons sont allés jusqu’à croire qu’une 6ème République féérique allait guérir tous les maux du pays, à imaginer qu’un effacement magique de la dette souveraine de la France était possible, à fantasmer qu’un gourou ami des régimes autoritaires - et lui-même enclin à l’autoritarisme - allait rendre notre démocratie plus vivante. Las de déconvenues électorales à répétition et de sondages en berne, nos médias du "bien" se sont trouvés un nouvel amoureux-sauveur, sans même avoir pris le temps de faire le deuil du précédent ; en même temps, sa qualité de conjoint d’une journaliste star de l’audiovisuel public en fait un parfait bobo-frère. Le petit chanceux bénéficiera, pour accomplir ses miracles dans les urnes, du soutien inconditionnel de tout un écosystème déjà acquis à la cause sans même avoir pris connaissance de son programme.
 
 
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04/04/2024
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