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«Le héros, la chanteuse et le boulanger»
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par Franz-Olivier Giesbert, pour Le Point - mai 2025
En ces temps de nihilisme et de cynisme, saluons trois «résistants» : l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, la chanteuse israélienne Yuval Raphael et le boulanger parisien Jean-François Bandet.
Les trois personnages dont je vais vous parler n'ont rien à voir mais ils incarnent ce qu'il y a de mieux dans notre époque. À l'ère du nihilisme et du cynisme, nos contemporains ont tendance à trouver les héros fatigants, voire pénibles.
Mais ces trois-là symbolisent, chacun à sa façon, une forme de résistance. À la guerre, à la haine, à la bêtise.
Volodymyr Zelensky
est un grand héros du XXIe siècle dans son combat contre deux grandes puissances mondiales liguées contre son pays : l'Amérique et la Russie. Donald Trump s'étant disqualifié avec ses premiers «plans de paix» que Vladimir Poutine n'aurait même pas osé espérer dans ses rêves les plus fous – mais ça ne l'empêche pas de continuer à le balader –, le président ukrainien prend une nouvelle dimension. Il a su tenir bon en gardant son sang-froid.
Abjection munichoise ?
Les mots nous manquent pour qualifier le jeu du président américain qui, tout en cherchant à piller les terres rares de l'Ukraine en lui faisant signer un contrat inique, avait assis son fessier dessus et prétendait offrir à Poutine les morceaux qu'il demandait, sans même considérer les dirigeants de notre vieille Europe. Problème : ce ne sera jamais assez pour le boucher de Moscou qui ne songe qu'à reconstituer l'empire soviétique et brûle sans doute déjà d'engloutir de nouvelles proies comme les pays Baltes.
La chanteuse israélienne Yuval Raphael
est une survivante qui, au cours du pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, s'était cachée au milieu des cadavres pour échapper aux bourreaux. Désignée par un télé-crochet, elle portera les couleurs d'Israël au concours de l'Eurovision, le 17 mai prochain, avec «New Day Will Rise», une chanson de résilience, non de combat («Les ténèbres se dissiperont, promet-elle, tout le chagrin partira»). Le député La France insoumise Thomas Portes et sa collègue du Parlement européen Rima Hassan n'en ont pas moins demandé son exclusion de l'épreuve, sous prétexte que l'État hébreu commettrait dans la bande de Gaza un «génocide», mot fétiche des islamo-gauchistes.
Sans être un partisan de Benjamin Netanyahou, on peut dire que ce qui se passe à Gaza, si critiquable que ce soit, n'a strictement rien à voir avec un génocide. Si c'était le cas, les éléfistes devraient également accuser les Russes de «génocider» les Ukrainiens. Pourquoi ne le font-ils pas ? Parce qu'il n'y a que les Juifs qui ont droit à cette imputation, pardi, en attendant de se voir traiter de… «nazis». La nazification de l'État hébreu est en marche et LFI pousse à la roue. Sous prétexte d'antisionisme, ses éclaireurs appellent en fait à casser du Juif pour complaire aux islamistes des «quartiers populaires».
Pourquoi ne pas avoir le courage de ses opinions et changer carrément de nom ? Au point où elle en est, LFI devrait y songer. Il y a un précédent : en 1898, Édouard Drumont, auteur de La France juive, gros succès de librairie et bible des antisémites, s'assumait pleinement, qui présidait, à la Chambre des députés, une force politique de 28 élus, se faisant appeler… «groupe antisémite» avec des parlementaires de la vieille droite, mais aussi de l'extrême gauche, des anciens communards. Les temps sont propices, le ventre était encore fécond d'où sort à nouveau la bête immonde. Pour preuve, les actes antisémites en France : 1.570 en 2024. Proportionnellement à leur poids démographique, les Juifs sont beaucoup plus frappés que les chrétiens (770) ou les musulmans (173), lesquels viennent d'être endeuillés par un meurtre d'un des leurs à la mosquée d'Alès, le 25 avril.
Le boulanger parisien Jean-François Bandet
est victime de l'idéologie antitravail et de l'administration française que Courteline, le drolatique contempteur de cette dernière, définissait jadis ainsi : «Un lieu où ceux qui arrivent en retard croisent, dans l'escalier, ceux qui partent en avance.» Le 1er Mai est un jour férié et chômé, on ne plaisante pas avec ça. Après avoir été contrôlé en 2021 par un inspecteur du travail apparemment pas en télétravail, le boulanger vient d'être convoqué au commissariat pour avoir osé servir sa nombreuse clientèle avec ses 21 salariés. Son métier n'étant pas considéré comme «essentiel», il risque 78.750 euros d'amende. La France est un pays qui, ayant la tête à l'envers, sanctionne ceux qui travaillent trop mais jamais ceux qui ne travaillent pas assez.
