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Budget: la triple injustice du plan Bayrou

Du RN à LFI en passant par le PS ou le PC, que n’a-t-on entendu sur les grandes orientations budgétaires présentées mardi par François Bayrou ? Vouée aux gémonies, la stratégie de redressement des comptes publics du Premier ministre, sans surprise, lui vaut déjà la promesse d’une censure à la rentrée. Trop injuste, cacardent en chœur toutes ces oies blanches. Elles ont en partie raison. Mais pas dans le sens où elles l’entendent.
Inédit, lucide, le plan de rigueur du gouvernement – qui ne s’apparente pas non plus à une sévère cure d’austérité – est injuste non pas car « tout le monde devra participer à l’effort ». Il l’est car, une nouvelle fois, on cède à la facilité de mettre un peu plus à contribution ceux qui paient déjà le plus : les « riches », les « nantis », éternels présumés coupables vers lesquels l’Etat se tourne invariablement pour boucler ses fins de mois alors qu’ils constituent une bonne partie des forces vives du pays.
Injuste, ce plan l’est également car il ne réduit pas vraiment la dépense publique. Celle-ci continuera d’augmenter… à un rythme moins soutenu. Quand bien même un cargo est à la dérive, on ne peut le stopper net lorsqu’il navigue avec les cales pleines : le poids de décennies de laisser-aller en matière de dette et de déficit.
Injuste, enfin, le plan Bayrou l’est car, au fond, il ne s’attaque pas au nœud gordien de la France : un Etat difforme, ankylosé par une bureaucratie omniprésente, défaillant sur ses missions les plus élémentaires. Comment comprendre que des services publics comme ceux de l’éducation, la santé ou la sécurité se dégradent quand, dans le même temps, les dépenses publiques augmentent ? La réforme de l’Etat, la simplification et la réorganisation de ses administrations, constitue un serpent de mer auquel tous les exécutifs récents ont fait mine de s’attaquer. Mais sans que quoi que ce soit ne change. Un jour sans fin.