Si vous deviez retenir trois temps forts de l’année…

Les inaugurations des écoles auxquelles j’ai pu assister, comme celle de Cressenssac-Sarrazac baptisée du nom de Thomas Pesquet. Je suis une enfant de cette École publique gratuite et obligatoire et je lui dois beaucoup. Je retiendrais ensuite la dynamique industrielle du territoire. J’ai découvert de très belles activités comme Fives, Pivaudran, Thiot,… L’industrie ce sont 550 entreprises et 16 % de la population active. Et des investissements soutenus par l’État à hauteur de 30 M€ depuis 2 ans. Et enfin, ce qui m’a marqué c’est le gel du printemps sur l’agriculture. J’ai vu le désespoir de la profession et cela a été pour moi des moments de profonde tristesse.

 

 

J’ajouterai un fil rouge pour 2024 : celui des commémorations des 80 ans de la Libération, qui m’ont beaucoup touchée. La barbarie nazie n’a pas épargné le Lot, mais les Lotois ont fait preuve d’un héroïsme rare. J’ai été ravie d’assister, le 13 juillet dernier, à la célébration de l’opération de parachutage Cadillac à Loubressac.

Revenons sur l’agriculture lotoise, comment analysez-vous la situation ?

Le vignoble du Lot enregistre 6 années acclimatiques sur 8, c’est le plus touché de France. L’estimation de la production est de 15 hl/ha, contre 50 hl habituellement. En proportion, le Lot est le 3e département de France qui va le plus arracher, avec une centaine de vignerons concernés pour 750 ha soit 16 % du vignoble. Il y a eu des fonds d’urgence mis en place par l’État, et des arrêtés pour le dégrèvement sur la taxe foncière non bâti, de l’ordre de – 80 % en moyenne sur le vignoble ou en arboriculture (noyers…). Ce sont 2.5M€ d’aides attribuées au Lot en 2024, ainsi que 5M€ au titre du fonds d’urgence. Dans le même temps, nous avons simplifié les démarches et mis en place des permanences agricoles où une cinquantaine d’exploitants en difficulté ont été reçus au sein de ce guichet unique. En 2025, nous pérenniserons ce dispositif.

 

 

" un scénario à + 4° d’ici 2100 dans le Lot, et une baisse de la ressource en eau de – 40 %"

L’enjeu des prochaines années sera l’eau, comment s’y préparer ?

L’Occitanie sera particulièrement touchée, avec un scénario à + 4° d’ici 2100 dans le Lot, et une baisse de la ressource en eau de – 40 %. Cela va nécessiter des adaptations de bâtiments, de modes de vie, de protection des populations vulnérables et surtout de partage de la ressource.

En 2024, nous avons remobilisé un volume d’eau à 60 % dans le Quercy Blanc. Grâce au fonds hydraulique de l’État, deux projets de création-extension de bassins ont été retenus sur les 48 au niveau national. L’idée est également d’établir un recensement des ressources en eau pour voir où et comment créer des plans d’eau et des interconnexions.

Ensuite, il faudra réduire les émissions de gaz à effet de serre, grâce à l’isolation des logements et aux mobilités douces. Car, les Lotois représentent 3 % de la population d’Occitanie mais 5 % de la production de CO2.

Reste la production d’énergie renouvelable, on ne produit qu’un tiers de ce que l’on consomme, soit 200GWh de production sur le photovoltaïque. Il faudra atteindre 400GWh en 2030, en développant l’agriphotovoltaique. Pour le projet de Virouloux, un comité se réunira en 2025. Ce n’est pas impossible que ce parc devienne la surface la plus importante de photovoltaïque au sol du département.

Un petit mot sur la sécurité dans le Lot

La délinquance est stable, en dessous des moyennes nationales. En revanche, on constate un durcissement net de la violence. Il a été démantelé deux fois plus de trafic de drogue et de points de deal qu’en 2023, et on a saisi deux fois plus de drogue, cocaïne et héroïne, principalement. Grâce à plus d’enquêtes, plus de contrôles, et plus de présence aux abords des établissements. Au niveau de la sécurité routière, nous sommes à 15 personnes décédées, soit deux de plus qu’en 2023 (NDLR : depuis cette interview, la route a fait deux autres victimes en ce mois de décembre).