EDITORIAL. Élection présidentielle américaine : la campagne du camp démocrate en pleine "kamalamania"

    • Kamala Harris pourrait devenir la première femme présidente des États-Unis.
      Kamala Harris pourrait devenir la première femme présidente des États-Unis. AFP - MARK FELIX
    Publié le  , mis à jour 
    Par Jean-Claude Soulery La DDM
     
    Écouter cet article
    PoweredbyETX Studio
    00:00/02:16

    Nous aimerions qu’une nouvelle fois l’Amérique écrive avec audace son histoire. Nous aimerions qu’en novembre prochain, elle porte à sa présidence Kamala Harris – une femme enfin (!), devenant la femme la plus puissante du monde, qui plus est une femme aux origines jamaïcaine et indienne – oui, la victoire de cette métisse serait une belle page de l’Histoire des États-Unis, aussi symbolique que le fut en novembre 2008 l’élection de Barack Obama. Nous imaginons déjà l’investiture de cette battante, la fierté des Américaines, le soulagement de toutes les minorités ethniques et tous les espoirs d’une jeunesse prête à ne plus douter de la politique.

     

     

    Au passage, nous aimerions par la même occasion assister à la défaite de Donald Trump que nous n’aimons pas vraiment – ce serait enfin la retraite politique de ce milliardaire de 78 ans qui porte sur lui tout ce qu’il y a de détestable dans la brutalité américaine.

     

    Mais nous n’en sommes pas là. Il reste un peu moins de cent jours avant l’élection, et rien n’est encore joué dans cette Amérique coupée en deux. Jusqu’ici, Donald Trump devait l’emporter et les coups de feu auxquels il avait échappé avaient même conforté son avance – "qui donc pourrait abattre notre Messie ?", s’exclamaient ses plus chauds partisans.

     

    Mais, depuis deux semaines, l’irruption de Kamala Harris a totalement bouleversé la campagne présidentielle et les scénarios sont désormais ouverts. En très peu de temps, après que Joe Biden a abandonné la course, la candidate démocrate, qu’on prétendait timide et effacée, s’est aussitôt lancée dans la bataille. Elle a affirmé son pouvoir, réuni sur son nom toutes les grandes figures de son parti, d’Obama aux Clinton, sans compter quelques stars comme George Clooney, Barbara Streisand, Taylor Swift ou Beyoncé, et dans la foulée elle a récolté des dons records pour une élection où les soutiens financiers sont déterminants.

    Ainsi l’Amérique est soudain prise d’une "kamalamania" qui électrise ses premiers meetings – mais cette passion durera-t-elle jusqu’au scrutin de novembre ?

     

    En tout cas, ce changement éclair vient troubler la stratégie de Donald Trump qui ne peut plus se contenter d’insultes, de perfidies et de manipulations. Il lui faut réajuster son message, commencer à dénoncer grossièrement la "dangereuse gauchiste" Kamala Harris "qui veut tuer des bébés" (allusion à son combat pour le droit à l’avortement), remettre même en cause sa filiation afro-américaine et bien sûr lui faire endosser tous les points noirs de l’administration Biden.

     

    Désormais il sait qu’un adversaire imprévu se dresse face à son arrogance machiste. Et – le pire pour lui ! – cet adversaire est une femme.