3877-Iran : la solitude des fanatiques
Iran : la solitude des fanatiques
Submergés par l’aviation israélienne, incapables de défendre leur propre espace aérien, les mollahs de Téhéran se retrouvent seuls sur la scène internationale. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils se sont rendus insupportables à leurs amis comme à leurs ennemis.

Qui ne remarque la paradoxale réaction des puissances à l’attaque massive d’Israël contre les installations et les chaînes de commandement iraniennes ? Pour résumer : ceux qui approuvent les frappes aident Israël à se défendre ; ceux qui les condamnent ne font rien pour soutenir l’Iran. Les États-Unis et plusieurs nations européennes participent à l’interception des missiles iraniens expédiés sur Israël ; la Russie, la Chine ou les états du Golfe se contentent de critiquer Israël sans rien entreprendre de concret.
Ce qui illustre parfaitement la fragile position du régime iranien dans cette crise : à force de menacer Israël de destruction, d’enfreindre toutes les règles internationales, de bafouer les principes de la non-prolifération nucléaire, de soutenir des « proxys » agressifs abonnés aux méthodes terroristes – le Hamas, le Hezbollah ou les Houthis du Yémen – l’Iran apparaît à tous comme un pays dangereux pour la stabilité internationale et au bout du compte insupportable aux yeux de ses amis comme de ses ennemis.
Ce qui fait justice d’une légende répandue par la propagande israélienne : la supposée solitude de l’État hébreu. En fait, ce n’est pas Israël qui est seul sur la scène internationale. C’est l’Iran. En dépit de son comportement implacable à Gaza et en Cisjordanie, de son refus d’envisager une solution pacifique à la guerre commencée avec l’attaque du Hamas le 7 octobre, Israël est soutenu, ouvertement ou discrètement, par la plupart des démocraties de la planète, à commencer par la plus puissante d’entre elles, les États-Unis, de loin la première force militaire au monde. Au fond, sans le dire ou en le disant, amis et ennemis de l’Iran seraient satisfaits d’être débarrassés de ce régime toxique et belliciste, qui passe son temps à opprimer son propre peuple et à allumer des torches dans la poudrière du Moyen-Orient.
En France même, les réactions sont éloquentes. Le gouvernement et la plupart des forces politiques appellent mollement Israël à la retenue, prêchent l’arrêt des combats et la recherche d’une solution négociée. Mais seule la France insoumise, décidément vouée à la défense des tyrannies, condamne franchement l’attaque israélienne, seulement suivie par une partie de la gauche radicale, qui se déshonore une nouvelle fois en prenant le parti d’une théocratie sanglante et irresponsable dans sa politique extérieure. Chacun a bien compris que l’éventuelle acquisition de l’arme nucléaire par ces fanatiques totalitaires ferait peser une menace mortelle sur la stabilité du monde, ce qu’Emmanuel Macron, exprimant le sentiment très majoritaire de l’opinion, a rappelé avec une clarté limpide vendredi soir.
Bien entendu, il est souhaitable que les armes se taisent rapidement pour ouvrir la voie à la discussion. On remarquera à cet égard que le bombardement massif des installations nucléaires iraniennes par l’aviation israélienne, qui se promène dans le ciel ennemi comme elle était chez elle, a seulement endommagé les capacités nucléaires de l’Iran, qui n’ont en rien disparu. Seule un nouvel accord, prolongement de celui de 2015 adapté aux conditions nouvelles, peut écarter avec sûreté la menace atomique grandie par les mollahs. Les bombes de l’état hébreu ne peuvent atteindre des centrifugeuses iraniennes enterrées à des dizaines de mètres de la surface. Les inspecteurs de l’agence internationale de l’énergie, en revanche, le peuvent, dès lors qu’un nouvel accord serait imposé à l’Iran, sur le modèle de celui de Vienne. C’est la seule voie rationnelle pour éviter la prolifération nucléaire.
À moins que le peuple iranien ne réussisse finalement à renverser ceux qui le maintiennent sous la férule d’une dictature moyenâgeuse. Après tout, les dictatures aussi sont mortelles, surtout lorsqu’elles essuient, comme l’Iran depuis le 7 octobre, une série de défaites humiliantes. Malheureusement, face à un appareil répressif impitoyable, rien n’indique pour l’instant que la courageuse opposition iranienne se rapproche d’une telle issue.