3744-“Il faut produire plus” :Anne Lauvergeon fait grincer des dents chez EDF 1 post
“Il faut produire plus” : Cette remarque d’Anne Lauvergeon fait grincer des dents chez EDF
Face aux préoccupations économiques et environnementales liées à l’énergie, Anne Lauvergeon se fait remarquer par ses critiques bien cinglantes et ses idées audacieuses sur la gestion de l’électricité en France. Ancienne big boss d’Areva, elle dirige aujourd’hui la boîte de conseil et d’investissement ALP. Surnommée « Atomic Anne », elle vient de publier un livre intitulé Un secret si bien gardé, dans lequel elle s’interroge sur tout le potentiel encore inexploité d’EDF.
Son parcours inspirant
Anne Lauvergeon n’est pas étrangère aux postes de haute responsabilité. Normalienne agrégée de physique, elle fut, en quelque sorte, le sherpa de François Mitterrand. Elle a aussi dirigé la Cogema – qui s’appelle aujourd’hui Orano – avant de prendre les commandes d’Areva. Certes, sa carrière a été parsemée de polémiques : impliquée dans le scandale d’Uramin et accusée de fraude chez Framatome, elle rejette fermement ces allégations.
Parallèlement, Anne Lauvergeon siège dans plusieurs conseils d’administration pour l’État et le Medef, tout en soutenant activement des start-up et en conseillant divers gouvernements et entreprises sur leurs stratégies énergétiques.
Des critiques et des idées pour EDF
Dans son livre Un secret si bien gardé, Anne Lauvergeon ne mâche pas ses mots contre la gestion actuelle du parc nucléaire d’EDF. Elle pointe du doigt que le facteur de charge des réacteurs français figure parmi les plus faibles des 33 pays producteurs d’énergie nucléaire. D’après elle, EDF ne tourne qu’à 67% de sa capacité, alors que la moyenne européenne se situe bien au-dessus, autour de 85%. Elle déplore aussi qu’EDF et RTE ne soient pas assez transparents sur la production réelle des réacteurs.
Pour répondre aux besoins énergétiques grandissants du pays, elle propose de changer de stratégie. Plutôt que de casser la tirelire avec de nouveaux réacteurs nucléaires – la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) prévoit de dépenser entre 300 et 400 milliards d’euros sur dix ans – elle milite pour une meilleure utilisation des installations existantes afin de pallier la surproduction énergétique. Selon elle, ça permettrait à la fois de faire baisser la facture d’électricité et de réduire les émissions.
L’histoire et les défis d’aujourd’hui
Né du Conseil national de la résistance, EDF a longtemps fourni une électricité à prix super attractifs, propre grâce au nucléaire et à l’hydroélectricité. Pourtant, depuis une dizaine d’années, le tarif de l’électricité a grimpé de 120%, largement au-dessus du taux d’inflation annuel. Cette hausse pèse aussi bien sur les particuliers que sur les entreprises, entraînant une hausse des coûts.
Malgré ces galères, EDF affiche des perspectives plutôt positives pour 2024, notamment grâce aux exportations d’électricité. Ces chiffres amènent Anne Lauvergeon à soutenir qu’il est possible de tirer « beaucoup plus » de l’installation existante.