Les Insoumis et le RN en tête, de plus en plus de députés tentent de faire croire aux Français que la seule solution pour sortir de la crise politique actuelle serait la démission d'Emmanuel Macron, afin de provoquer une élection présidentielle et des élections législatives anticipées.

Qu'une telle demande émane des deux partis extrêmes n'a rien d'étonnant : J-L. Mélenchon a, à l'évidence, dépassé sa date limite de consommation mais il y croit toujours et encore, et Mme Le Pen sera vraisemblablement condamnée à l'inégibilité très bientôt. Se faire élire avant le verdict de son procès lui garantirait une immunité pour plusieurs années a minima. Ils ne pensent pas à la France, ils ne pensent qu'à eux-mêmes.

 

Mais surtout, cette demande est dénuée de cohérence. Car même si un nouveau Président sera bien élu, rien ne dit que les prochaines élections législatives lui permettront d'obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Au contraire, les possibilités pour qu'on retrouve la configuration actuelle, avec 3 blocs minoritaires, sont nombreuses. Surtout si le nouveau locataire de l'Elysée n'est pas issu de LFI ou du RN. Ce qui a toutes les chances d'arriver, J-L. Mélenchon et M. Le Pen ayant déjà essuyé des échecs répétés dans les élections présidentielles précédentes. Et si le vainqueur est issu d'un autre parti, il y a un sérieux risque que les législatives donnent à nouveau une majorité absolue à ses opposants des extrêmes.

Lorsqu'ils sont au pouvoir, les politiciens réclament une majorité absolue pour diriger le pays de façon tranquille, stable et apaisée. Mais dès qu'ils se retrouvent dans l'opposition, les mêmes accusent cette majorité absolue d'être à la botte d'un président qu'ils qualifient de souverain omnipotent.

 

Et, docilement, bêtement, les Français qui les soutiennent reprennent leurs arguments fallacieux et demeurent en plein paradoxe.

Aujourd'hui encore plus qu'hier, ils sont tous, sauf très rares exceptions, à croire que la dissolution prononcée par Emmanuel Macron serait à l'origine de la crise actuelle. Politiciens, journalistes, grand public, tout le monde le répète. Sauf qu'en réalité, ce n'est pas la dissolution qui est en cause, celle-ci n'a été qu'une décision des plus démocratiques de redonner la parole au peuple. A l'origine de la crise actuelle, il n'y a pas cette dissolution, il y a le vote des Français, qui a accouché d'une Assemblée ingouvernable. Ingouvernable, parce que ces députés sont incapables d'agir pour la France et pour le peuple, et pour cela s'entendre, négocier et accepter les compromis. Ils ne savent que privilégier leur ego, en se mettant résolument en situation de conflit permanent avec tous ceux qui ne sont pas de la même idéologie qu'eux. Au profit de leurs seuls intérêts.

 

La chose la plus probable aujourd'hui est que la crise politique actuelle s'inscrive dans la durée. Tant que le peuple français n'adoptera pas un comportement démocratiquement adulte et se conduira comme des enfants pourris gâtés qui n'assument pas la responsabilité qui est la leur, les politiciens qui les représentent en feront de même.

Tant que les Français n'auront pas compris que le désaccord ne rime pas avec le conflit mais qu'il impose le compromis, la crise politique durera.

Et c'est le peuple lui-même qui sera la victime de sa propre immaturité politique  c'est le peuple lui-même qui sera la victime de sa propre politique. Car la première conséquence de la crise politique est la dégradation de la situation économique de la France. Déjà, la croissance faiblit, la confiance des investisseurs français et étrangers se perd, le chômage repart à la hausse, la dette se creuse, les taux d'emprunt augmentent... Le moral des Français en chute libre entraîne une baisse de la consommation au profit d'une épargne improductive qui aggrave le ralentissement industriel et économique. Tous les indicateurs, repassés au vert jusqu'à il y a quelques mois, sont passés à l'orange et promettent de virer au rouge.

Tant que les Français n'auront pas compris qu'ils sont les responsables ultimes du cercle vicieux qui les entraîne vers le bas et qu'ils rejetteront continuellement leurs propres fautes sur les autres (le président, le gouvernement, l'opposition, les étrangers, etc...), la France s'enfoncera lentement mais sûrement.

 

Alors qu'elle est capable d'être grande et de gagner. Les succès prétendus impossibles des J.O. et de Notre-Dame le prouvent. Quel dommage, quelle tristesse qu'ils risquent de s'inscrire dans la liste des sublimes exceptions qui confirment une bien fâcheuse règle..