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Guerre en Ukraine, le grand flou américain
Quatre mois après son retour à la Maison-Blanche, la position
de Donald Trump sur la guerre en Ukraine est toujours aussi
illisible. Certes, après avoir humilié Volodymyr Zelensky
dans le bureau Ovale, il ne le tient plus pour responsable de
ce conflit. Désormais, il partage cette responsabilité entre Vladimir
Poutine, Joe Biden et le président ukrainien. Si ses retournements ne
peuvent plus nous surprendre tant ils sont quotidiens, il n’en reste pas
moins qu’il a échoué à régler cette guerre en « vingt-quatre heures »
comme il le fanfaronnait lors de sa campagne présidentielle.
Donald Trump vient de se heurter à quelque chose qu’il exècre : le réel.
Malgré ses négociations directes avec le maître du Kremlin, ce dernier
n’a jamais cessé de bombarder l’Ukraine, se moquant des rodomontades
américaines comme de sa première chapka.
Depuis, le plus grand flou persiste. Ce vendredi à Rome, J. D. Vance,
le vice-président américain, s’est dit « vraiment optimiste » quant à la
possibilité de mettre fin « à cette guerre brutale ». Ce qui est pour
le moins contradictoire avec le message envoyé la veille, à Paris,
par son collègue Marco Rubio. À l’issue d’une rencontre entre
Européens, Américains et Ukrainiens, le secrétaire d’État a
été clair : « Si ce n’est pas possible, nous devons passer à autre chose »,
car « les États-Unis ont d’autres priorités ».
On l’avait compris : l’Ukraine n’est pas une priorité, mais l’Europe ne
l’est pas plus. C’est d’ailleurs la seule chose de lisible dans cette communication
erratique. Nous pouvons en être certains : si les négociations
pour une paix durable échouent, l’Europe n’aura d’autre choix que de
se charger de sa propre sécurité. Ce qui impliquera de ne pas abandonner
l’Ukraine, sous peine de laisser le champ libre à l’impérialisme
de Moscou.
Déjà à l’oeuvre, le désengagement américain doit donc continuer à
réveiller l’Europe. Et celle-ci a des arguments. Même les États-Unis ne
peuvent négliger un marché de 440 millions de consommateurs. Dans
un monde dominé par l’intimidation, il est temps qu’elle s’affirme
comme une puissance sûre de sa force. Et cela passera notamment par
l’achat d’équipements militaires européens. En effet, à la lueur de l’imprévisibilité
de Donald Trump, comment des Européens peuvent-ils
être encore prêts à acheter des avions de combat américains ? Quelles
certitudes auront-ils de pouvoir les utiliser à leur convenance le moment
venu ? À bien des égards, l’heure doit être au retour de la souveraineté.
Jefferson Desport Editorial Sud-ouest