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"Solution de secours" ou trop incompatible avec le PS: Gérald Darmanin pourrait-il être nommé Premier ministre?
ET SI C'ÉTAIT LUI? (1/5) - En cas de départ de François Bayrou le 8 septembre prochain après le vote de confiance, le garde des Sceaux fait partie des candidats pour Matignon. Les socialistes ont beau être farouchement opposés à ce scénario, une partie de la macronie y croit.
François Bayrou occupe toujours à Matignon mais tous les regards sont déjà tournés vers la suite. Si Marine Le Pen appelle à "une dissolution ultra-rapide", Emmanuel Macron pourrait vouloir jouer la carte de la stabilité et nommer rapidement un nouveau Premier ministre après le 8 septembre et l'échec très probable du vote de confiance.
Parmi les noms qui reviennent pour lui succéder, on trouve notamment Gérald Darmanin. Officiellement, le ministre de la Justice, membre sans discontinuer de tous les gouvernements depuis 2017 à l'exception de trois petits mois sous Michel Barnier, n'est pas intéressé. Il n'est pas du tout "dans cette optique", indique depuis plusieurs jours son entourage, plaidant pour son maintien place Vendôme.
"C'est bien sûr un homme qui pourrait être une solution de secours", avance pourtant le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, l'un de ses proches, auprès de BFMTV.
"Il a de vraies capacités de négociation et c'est exactement ce dont on a besoin", appuie également un député qui l'apprécie. Parmi les atouts de l'ancien maire de Tourcoing pour devenir chef du gouvernement, c'est l'argument qui revient en boucle chez ses soutiens. Pour espérer parvenir à boucler le budget de l'État et de la sécurité sociale, le futur locataire de Matignon devra en effet parvenir à arrimer les socialistes, comme y était parvenu François Bayrou en janvier dernier et les LR.
Le PS résolument contre
Du côté de la droite, il ne devrait guère y avoir d'embûches, Gérald Darmanin y ayant longtemps fait ses classes. Côté socialiste, ça coince en revanche.
"Si c'est pour faire le même budget que François Bayrou avec les mêmes orientations, ce sera non", tranche la députée PS Christine Pirès-Beaune.
Le ministre de la Justice a pourtant mis les formes dimanche dernier. Lors de sa rentrée politique, il a tenu à s'adresser au PS en saluant "un grand parti d'opposition responsable". Suffisant pour amadouer le parti d'Olivier Faure et augmenter ses chances de rentrer à Matignon?
"Il y a ce que dit le PS en public et la réalité. Il y a un moment où ils devront bien faire avec le nouveau Premier ministre s'ils veulent donner un budget à la France à l'automne", plaide un élu macroniste.
Un bon connaisseur du budget mais...
Dans le camp présidentiel, plusieurs élus jugent même que socialiste-compatible ou non, Gérald Darmanin a pour lui sa très bonne connaissance des questions budgétaires dans un contexte économique particulièrement compliqué. Ministre des Comptes publics entre 2017 et 2020, ses partisans le voient en mesure de largement amender la copie budgétaire de François Bayrou.
Le ministre plaide depuis des années pour la fin de la fiscalité sur les donations et refuse plus largement tout accroissement de la fiscalité, y compris sur les plus aisés, au point de croiser le fer avec Michel Barnier lors du dernier budget sur ce dossier.
Là encore, l'ancien maire de Tourcoing n'est pas du tout sur la même longueur d'onde que les socialistes qui réclament, eux, une imposition minimale sur les patrimoines dépassant les 100 millions d'euros et défendue par l'économiste Gabriel Zucman."Gérald Darmanin, ce serait une invitation à la censure pour les oppositions", reconnaît un ministre macroniste.
"On peut tordre la réalité comme on veut mais s'il ne change pas son fusil d'épaule, ça ne passe pas avec le PS", partage un député du socle commun qui n'imagine pas cependant le ministre "prendre le contrepied total de notre politique depuis 2017".
Bride courte
Mais c'est peut-être là la plus grande force de Gérald Darmanin: continuer à incarner tout ce qu'Emmanuel Macron défend depuis son arrivée à l'Élysée. Le chef de l'État l'apprécie et n'a pas hésité à l'inviter cet été à Brégançon.
"Il voudra probablement un Premier ministre malléable là où il a eu l'impression que Michel Barnier prenait trop ses aises et que François Bayrou était trop lent. Il peut se dire que c'est le cas de Gérald Darmanin", observe un élu macroniste.
En cas d'arrivée à Matignon, il est probable que la bride soit courte, manière de garantir que les fondamentaux macronistes comme la politique de l'offre ne seront pas remis en cause. Le diagnostic est partagé par le député PS-Place publique Aurélien Rousseau.
"La question centrale c'est celle de la liberté qu'aura le futur Premier ministre par rapport au président, nous confie l'ancien collègue de Gérald Darmanin dans le gouvernement d'Élisabeth Borne. Et je ne vois pas quelle liberté il aura de plus qu'un autre".
Dernière inconnue dans l'équation: l'actuel garde des Sceaux est-il prêt à aller au combat et à éventuellement devoir lui aussi quitter Matignon dans quelques semaines en cas de censure? "Si vous avez des ambitions présidentielles, ce n'est quand même pas un tremplin en or. C'est même une sacrée galère et l'assurance de vous cramer", le met ainsi en garde un député macroniste issu des LR.