Gaza : l’escalade sans fin de Netanyahou

Tandis que Donald Trump affirme toujours vouloir « arrêter
les tueries » en Ukraine et contraindre la Russie à mettre un
terme à son invasion, Benyamin Netanyahou, lui, poursuit
sa guerre sans merci contre le Hamas avec la bienveillance
des États-Unis. Preuve que l’agenda de Washington n’est pas seulement
indexé sur le degré de souffrance des populations. Or, la riposte
d’Israël aux massacres du 7 octobre, qui met au supplice depuis bientôt
deux ans les Palestiniens, va connaître un nouveau tournant, sans
doute l’un des plus dangereux. Et ce, toujours, sous les yeux effarés
d’une communauté internationale impuissante.

Alors que le Premier ministre israélien n’a jamais caché son intention
de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, il vient d’ordonner
à l’armée de se déployer dans Gaza City et de s’emparer de ces
25 % de territoire qu’elle necontrôle pas encore. C’est là
que se trouveraient les derniers otages vivants. Or, l’opération
pourrait être un bain de sang. Qui peut croire qu’une fois
acculés les terroristes du Hamas ne préféreront pas les
exécuter avant de tomber en martyre dans d’ultimes combats. Pour
la population aussi, ce coup de force s’annonce à haut risque. C’est ici
que se trouve réfugiée la grande majorité des deux millions de Palestiniens
de l’enclave aux trois quarts déjà occupée.

Une nouvelle offensive, au contact des civils, ne peut que laisser
craindre le pire. Tsahal ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Selon la
presse israélienne, le chef d’état-major s’est opposé à une telle intervention,
craignant aussi pour la vie des soldats qui vont devoir s’engager
dans l’enfer des tunnels du Hamas.

Qu’importe. Benyamin Netanyahou a décidé d’aller jusqu’au bout.
Mais qu’il soit permis de douter quand il affirme qu’une fois Gaza
sous contrôle, il confiera son administration à des autorités arabes
extérieures. La poutre maîtresse de sa coalition reste l’extrême droite
messianique israélienne. Et son objectif est clair : réinstaller, ici, ses
colonies comme en Cisjordanie et laver l’affront du départ de 2005.
Encore une fois, désarmer le Hamas n’est pas contestable. Mais au fil
des mois, c’est un autre plan qui a pris forme : annexer Gaza. Ne
soyons pas dupes : cette accélération intervient au moment même où
la solution à deux États retrouve de la vigueur. Dès lors, quelle reconnaissance
possible de la Palestine une fois l’enclave occupée en totalité
? Dans les décombres de Gaza, les dernières pièces d’un funeste
puzzle s’assemblent.

                           JEFFERSON DESPORT éditorial SUD-OUEST