Trump s’est levé du mauvais pied. Le droit en l’occurrence. Alors qu’une trêve semblait s’installer dans la guerre commerciale transatlantique, le président américain a annoncé tout à coup qu’il allait imposer des droits de douane de 50% aux produits venus de l’Union européenne. Aussitôt les bourses du vieux continent ont plongé, entraînées par la chute des entreprises les plus exposées à cette nouvelle foucade (en France : le luxe et l’automobile).

Décision absurde s’il en est : Trump se fonde sur des chiffres faux. Il ne compte dans son calcul aberrant que les seuls biens, oubliant volontairement que la balance commerciale américaine est excédentaire en matière de services, ce qui réduit le déficit global des États-Unis à quelque 50 milliards, au lieu des 250 milliards invoqués par la Maison-Blanche.

Ce mensonge grossier est assorti d’un réquisitoire violent contre l’Union, accusée d’user de toutes sortes d’artifices pour empêcher les produits américains de s’écouler en Europe, ce qui laisse de côté la raison principale des succès commerciaux du vieux continent : la qualité des marchandises proposées aux consommateurs et aux entreprises yankees, favorisée par la boulimie acheteuse de l’Américain moyen.

Les conséquences de cette agression unilatérale sont faciles à anticiper : renchérissement des prix aux États-Unis et donc inflation, ralentissement du commerce mondial, l’un des grands facteurs de la croissance planétaire, montée du chômage en Europe, expansion moindre aux États-Unis. D’autant que l’Union ne peut rester inerte devant cette déclaration de guerre. Son souci de l’environnement, supérieur à celui des États-Unis et son habitude des menées déloyales de ses concurrents la conduira à adopter des contre-mesures indirectes qui seront autant d’obstacles réglementaires et normatifs pour les exportateurs américains.

Tandis que les deux guerres auxquelles Trump avait promis de mettre fin, en Ukraine et à Gaza, se prolongent de plus belle, les démocraties qui devraient s’unir face à l’agressivité des empires se livrent à une sorte de guerre civile, pour le plus grand bénéfice de la Chine et de la Russie, entre autres dictatures menaçantes. Souvent de manière hypocrite, mais à d’autres moments avec une certaine sincérité, l’Amérique se présente depuis 1945 comme la figure de proue des démocraties dans le monde. Le nationalisme foutraque de Trump et son refus de toutes considération environnementale en ont fait la principale ennemie de la liberté et de la planète.

Laurent Joffrin Le Journal Info