ÉDITO. Faux arrêts maladie : arrêts de rigueur
« Commandez votre arrêt maladie en ligne en cinq minutes ! » proclame cet intitulé sur internet. Ainsi, ce serait facile de se mettre les pieds en éventail pendant ces grosses chaleurs, tandis que Dame Sécurité Sociale, bonne fille, complète notre compte en banque ? En quelques clics, on consulte, on diagnostique, et à distance on précise si cela gratouille ou chatouille. Et voilà que le passeport pour le farniente tombe pile poil dans la boîte mail. Magique !
650 millions : c’est le montant de la fraude estimée par l’Assurance maladie en 2024. On peut alors comprendre que les argentiers de la Caisse aient décidé d’un tour de vis. D’où la mise en place dès le mois de juillet d’un nouveau document beaucoup plus difficile à contourner ou à falsifier. Du reste, le système en s’ouvrant aux téléconsultations avait en quelque sorte baissé la garde. Les fraudes informatiques explosent, avec les banques, les télécoms, ou Ma PrimeRénov. Il fallait bien qu’un jour la « Sécu » se fasse plumer à son tour. Et hélas, il y aura toujours des individus pour profiter d’un acquis basé sur la confiance, la solidarité et l’égalité. Valeurs obsolètes ? Évidemment qu’il faut faire le ménage et mettre de la rigueur aux arrêts.
Bien sûr, une partie de ces sésames obtenus « à l’arrache », l’ont été par des petits malins en pleine forme. Mais les choses sont peut-être un peu plus compliquées que cela. Plus de 6 millions de Français n’ont actuellement pas de médecins traitants. Parmi eux, un demi-million souffre d’une affection longue durée, ce qui signifie que non seulement leur prise en charge doit être totale, mais qu’ils doivent faire l’objet d’examens réguliers. Il faut parfois plusieurs jours pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste (ne parlons pas des spécialistes, cela peut durer des mois). Alors, que faire lorsqu’il y a urgence, une vraie urgence à s’arrêter ? Un Covid, une grippe, ou un burn-out, on ne peut pas vraiment attendre. Peut-être bien que pour une partie de nos concitoyens, ces sites ont été une bouée de survie.
Notre système de santé est tiraillé de partout. L’hôpital craque, la médecine de ville suffoque, les personnels soignants sont débordés, preuve que nos concitoyens souffrent et ont bien besoin de soins. Mécaniquement, les dépenses explosent, et le gouvernement est obsédé par un budget 2 026 qui va se bâtir à la tronçonneuse.
Alors, côté Sécu, on cherche toutes les pistes possibles. Après les taxis qui refusent qu’on rogne sur leurs courses, les médecins se sentent pointés du doigt avec ces contrôles renforcés, et des vrais malades risquent d’attendre longtemps. On notera au passage que l’industrie du médicament (qui engrange des bénéfices records en 2024) a refusé de nouvelles baisses de prix. Alors, au final, qui va avaler la pilule ?