MATINALE DE FRANCE INTER : FAURE PRIS À SON PROPRE JEU (DANGEREUX)
- Dans une matinale qui ne cesse de gagner en rigueur et en neutralité - notamment le journal de 8h00 d’Hélène Fily, à la fois clair, structuré et pédagogique - l’interview du premier secrétaire du PS a été menée sans complaisance par Benjamin Duhamel (surtout) et Nicolas Demorand (un peu plus discrètement), le premier secrétaire du PS s’est enlisé dans ses propres contradictions, prisonnier d’une ligne politique aussi revendicative qu’impraticable. “On a le sentiment, à vous écouter, que vous cherchez chaque jour un motif supplémentaire pour censurer le gouvernement ?” lance Duhamel. La question fuse, simple, directe - et met à nu le paradoxe d’un parti qui prétend dialoguer tandis que son intransigeance met le pays, plus que jamais, à la merci de l'extrême droite...
L’INDIGNATION COMME BOUSSOLE
Dès les premières minutes, Faure installe le décor : “Le sentiment qui domine ce matin est la consternation (…) je ne vois pas ce qui nous conduirait à ne pas voter la censure.” Le ton se veut grave, presque offensé. Mais à mesure que l’entretien avance, l’indignation tourne en rond. Le Premier ministre a renoncé au 49.3 ? “Une évolution positive”, concède-t-il - avant d’ajouter qu’il faudrait maintenant abroger la réforme des retraites. Autrement dit : chaque pas vers le compromis devient prétexte à une nouvelle exigence.
LE COMPROMIS VERSION RADICALE
Sur la fiscalité, Nicolas Demorand lui tend la perche : baisse d’impôts pour les classes moyennes, fiscalité sur les holdings, surtaxe prolongée pour les grandes entreprises et hauts revenus. “Est-ce que cela ne va pas dans le sens d’une plus grande justice fiscale ?” demande-t-il. Faure répond que non, pas du tout : “C’est très insuffisant.” Benjamin Duhamel s’agace : “Quand on dit vouloir le compromis, mais qu’on impose nos mesures ou rien, on envoie un signal singulier !” Faure s’accroche à son autre cheval de bataille : la taxe Zucman. Une idée séduisante sur le papier, mais refusé par les milieux économiques et qui sert ici de totem commode pour refuser tout accord sans avoir à le dire ouvertement. À force de vouloir “le compromis radical”, le PS finit par incarner l’art du refus maquillé en vertu.
L’ARROSEUR ARROSÉ
Une auditrice met les pieds dans le plat : “Êtes-vous conscient que le Rassemblement National sortira vainqueur des querelles entre les partis de gauche et de droite ?” Faure admet, du bout des lèvres : “Oui, j’en suis conscient.” Mais il renvoie aussitôt la balle à l’Élysée et à Matignon, comme si la gauche, elle, n’avait jamais tenu d’allumettes près du baril. Demorand insiste : “Vous n’avez pas de responsabilités, vous, au Parlement ?” Duhamel enfonce le clou : “En censurant encore le gouvernement, vous assumez d’être co-responsable d’une possible accession du RN au pouvoir ?” Faure esquive : “Je n’accepte pas cette responsabilité.” Un refus révélateur : le PS veut censurer sans conséquence, s’opposer sans alternative, exister sans gouverner. À force de jouer les vertueux intransigeants, les socialistes oublient que chaque censure amplifie, un peu plus, le rejet des Français vis à vis de la classe politique et ouvre un boulevard - sans cesse élargi - à l'accession de l'extrême droite au pouvoir.