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États-Unis-Iran : un couac dans la marche triomphale
Aux dires d’experts fiables, il apparaît que l’opération contre l’Iran a retardé de quelques mois le programme nucléaire iranien, sans résoudre le problème. Tout ça pour ça ?

Deux articles qui sont comme deux douches froides. Dans Le Monde et dans le New York Times, deux pléiades d’experts et de techniciens crédibles expliquent que, selon toutes probabilités, l’Iran, quoique bombardé de toutes parts, a conservé à l’abri suffisamment de combustible nucléaire pour se doter d’une bombe atomique en quelques mois. Énorme couac dans la symphonie martiale jouée par les thuriféraires du bombardier B2, de la bombe GBU 57, de Donald Trump le génie stratégique et de Benyamin Netanyahou le sorcier de la politique israélienne.
Ainsi la « guerre de douze jours » menée par les États-Unis (dixit Trump) – référence à la guerre dite « des six jours » de 1967 – accueillie à son de trompe par toutes les droites occidentales, aura tout au plus retardé de quelques mois le délai nécessaire à l’Iran pour entrer dans le club atomique. Il apparaît même, à la lecture de ces articles, que le plus sûr moyen d’empêcher les fanatiques de Téhéran de posséder l’arme nucléaire, reste – horresco referens – d’obtenir un nouvel accord international qui permette aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de visiter les sites nucléaires dont dispose encore le régime iranien. Ce que nous écrivions ici même il y a trois jours, au milieu des cris de triomphe poussés par les zélotes du trumpisme et de l’extrême-droite israélienne. Ainsi le président américain se voit contraint de reprendre la négociation d’un traité qu’il avait déchiré avec éclat pendant son premier mandat. Tout ça pour ça…
Un échec, donc ? N’allons pas jusque-là. L’opération israélo-américaine a mis en lumière la vulnérabilité militaire de l’Iran des mollahs, ce qui devrait rabattre quelque peu son caquet belliciste et antisémite. Elle a tout autant confirmé l’affaiblissement historique de « l’axe de la résistance », qui consistait pour Téhéran à financer et guider des groupes terroristes du Hamas, du Hezbollah et les rebelles Houthis, experts en attentats suicides et en fabrication de missiles expédiés sur la population israélienne, une violation permanente du droit international qui n’émouvait guère les idiots utiles de la gauche radicale qui s’en réclament pour condamner la guerre contre l’Iran. À part ces orfèvres du « deux poids, deux mesures », qui pleurera sur le sort de ces assassins au nom de Dieu, dont l’imbécillité stratégique est confirmée par les conséquences désastreuses pour leur cause du massacre barbare du 7 octobre 2023 ?
Il restera peut-être, néanmoins, de cette opération accompagnée des outrances de la propagande, une leçon que les Européens connaissaient d’avance et dont les fans du bombardement soi-disant décisif affectent de se moquer : au bout du compte, c’est la négociation qui apporte la sécurité, plus que la guerre, fût-elle brutale et technologique à souhait.